Ayant ainsi mené à bonne fin cette noble vengeance, Isfendiar fit placer une selle sur le cheval de Zerir, retourna au champ de bataille et divisa l’armée du Keïanide en trois corps.
Il donna le premier à Nestour, ce héros, l’honneur de l’armée, le prince à la naissance fortunée; il confia le second, composé de grands de l’Iran, et d’hommes vaillants, à son frère, et il se réserva le troisième, qui poussait des cris comme un nuage d’où sort le tonnerre.
Nestour, à la tête haute et au corps pur, et Nousch-Ader, le victorieux, se placèrent tous les deux devant Isfendiar, le destructeur des armées, et s’engagèrent par un serment solennel à ne pas revenir vivants de ce combat, à ne pas reculer devant le méchant Ardjasp, quand même le glaive de leurs ennemis fendrait la terre.
Les trois cavaliers s’étant ainsi engagés, ils partirent pour le combat; lorsqu’ils s’élancèrent du milieu de leurs troupes, les héros et les braves de l’Iran s’ébranlèrent tous ensemble et remplirent le monde du reflet de leurs cuirasses.
Ils tuèrent tant d’hommes de l’armée turque, que la place manquait pour se battre, et le sang inondait tellement les vallées et les plaines, que des ruisseaux de sang faisaient tourner les moulins.
Ardjasp, voyant cela, s’avança accompagné de ses grands et de ses braves; et Isfendiar, le destructeur des héros, abaissa sa lance contre ces vaillants Divs de race turque; il leur cloua la poitrine contre le dos, et continua ainsi jusqu’à ce qu’il eût abattu les plus fiers de leurs chefs.
Le Khakan comprit que dorénavant personne n’oserait plus s’opposer à Isfendiar, que l’armée était ébranlée et la bataille perdue; il resta en place jusqu’à ce que le jour eût baissé, se tenant tout ce temps au milieu du tumulte, ensuite il partit et se dirigea vers le désert, pendant que les Iraniens se ruèrent sur cette armée innombrable des Chinois; ils les tuèrent de tous côtés et en grand nombre.
Mais, ô merveille! un homme en eut pitié.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021