Le Keïanide illustre, le vaillant roi Guschtasp s’en retourna du champ de bataille à Balkh, et ordonna à son Destour de mettre le lendemain matin l’armée en marche vers le glorieux pays d’Iran.
Dès le matin le Sipehbed illustre fit sonner des trompettes d’airain et charger les bagages; l’armée se tourna vers l’Iran.
Tous les cœurs étaient fiers, tous désiraient de nouveaux combats.
On enleva les blessés, on n’en abandonna aucun; on les porta tous dans le pays d’Iran, en les confiant à des médecins savants.
Lorsque le roi du monde fut de retour, il fiança son fils aîné à sa fille Homaï la fortunée: telle était la coutume et la loi chez les Perses.
Il confia à Nestour une armée composée de cent mille hommes, tous de vaillants cavaliers, qui perçaient avec leurs lances, et lui donna ses ordres, disant:
Ô héros qui sais combattre, retourne sur tes pas, cours sur les Turcs, pénètre dans le pays de Khallakh, tue tout ce que tu trouveras afin de venger le sang de ton père.
Il ordonna qu’on pourvût Nestour de tout ce qui lui était nécessaire et de tout ce qui pouvait lui être utile.
Nestour partit à l’instant avec ses troupes, et le roi, s’étant assis sur son trône et ayant placé sur sa tète la couronne des Keïanides, donna accès à toute son armée: il ouvrit les portes de son trésor et distribua à tous ses guerriers des ornements précieux.
Ensuite il donna aux chefs le commandement des villes et ne laissa passer personne sans lui avoir accordé quelque chose: ceux étaient dignes de gouverner un royaume, il leur en confia un; ceux qui avaient mérité des dignités, il les éleva aux dignités, et ayant ainsi récompensé chacun selon son mérite, il les renvoya tous dans leurs demeures.
Plus tard il se dirigea vers son trône et défendit l’entrée à la cour; il s’assit sur le trône impérial et fit construire un temple de feu pour y brûler du bois d’aloès indien; on y fit un pavé d’or pur, toute la charpente était en bois d’aloès, et l’on répandit sur le sol de l’ambre gris.
Il fit exécuter tout selon les règles et les proportions, donna à cet édifice le nom de la maison de Guschtasp, fit écrire ce nom au-dessus de la porte du sanctuaire, et y établit Djamasp comme Mobed.
Ensuite il adressa une lettre à tous ses gouverneurs, dans laquelle il dit:
Le Seigneur ne nous a pas laissé avilir; il a converti en jours nos nuits devenues sombres, il a rendu victorieux les Keïanides en tout lieu.
Ardjasp est parti accablé de malédictions, et nous sommes couverts de bénédictions;
Qui aurait pu faire cela, si ce n’est le Créateur du monde?
Quand vous entendrez la nouvelle de la victoire de votre maître, envoyez vos tributs au temple du feu.
Le Kaisar, roi de Roum, en apprenant que le roi était heureux et Ardjasp dans l’infortune, expédia des messagers avec des présents d’esclaves et de chevaux caparaçonnés, et le roi du Berberistan et les princes de l’Inde et les rois du Sind envoyèrent leurs tributs.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021