Guschtasp

Guschtasp envoie Isfendiar dans tous les pays pour les convertir à la religion de Zerdouscht 1

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Alors le héros illustre s’assit sur son trône royal; il donna accès aux grands de son empire, aux puissants, aux princes de naissance royale.

Le vaillant Isfendiar se présenta devant lui; il tenait dans sa main la massue a tête de bœuf, il portait sur la tête un casque de Keïanide et son visage brillait au-dessous de ce casque comme la lune.

Il se plaça devant Guschtasp dans la position d’un esclave, la tête penchée, les mains placées sous les aisselles.

Le roi du monde le regarda et l’aurait préféré à sa propre vie et au monde entier.

Il sourit et lui dit:

Ô héros Isfendiar! n’as-tu pas envie de combattre ?

Le héros qui frappait de l’épée répondit:

Le commandement est à toi, car tu es le roi et l’Iran t’appartient.

L’illustre Keïanide lui donna une couronne d’or et ouvrit devant lui la porte du trésor; il lui confia tout pouvoir dans l’Iran, car il avait la force d’un vrai Pehlewan; il lui donna un drapeau, des trésors et une armée, en ajoutant:

Il n’est pas encore temps pour toi de t’asseoir sur le trône.

Ensuite il dit:

Monte en selle, convertis à la vraie foi tous les pays de la terre.

Le fier fils du roi, le héros qui frappait de l’épée, partit pour faire le tour de tous les pays avec son armée.

Il traversa le Roum et l’Hindoustan, il traversa les mers et les ténèbres, interprétant partout les mystères de la religion, selon l’ordre de Dieu, par qui toute créature subsiste.

Lorsque ces peuples entendirent la foi vraie qu’il leur apportait, ils adoptèrent ses voies et son culte, ils reçurent cette bonne religion, allumèrent le feu sacré dans les temples des idoles, et écrivirent tous des lettres au roi, disant:

Nous avons reçu d’Isfendiar la religion, nous nous sommes ceints du koschti, et Isfendiar nous a fait remise du tribut, ainsi il ne faut plus nous le demander, car nous sommes rentrés dans l’ordre, et cette religion est la vraie;

Envoie-nous maintenant le Zendavesta de Zerdouscht.

Guschtasp, ayant lu les lettres des rois, s’assit sur son trône et rassembla ses amis;

il envoya un Zendavesta dans chaque pays, à chaque prince et à chaque roi, et il ordonna à l’illustre Pehlewan de parcourir les quatre coins du monde.

Quelque part que ce roi se montrât, il ne trouva personne qui eût osé le combattre: tous se soumirent à ses ordres, et les méchants, dans le monde entier, se cachèrent.

Ayant ainsi assujetti à Guschtasp toute la terre, il ôta sa ceinture d’or, s’assit comme un Keïanide sur un trône royal, et se reposa quelque temps avec ses troupes.

Ensuite il appela son frère Ferschidwerd, réunit une armée d’hommes vaillants, lui en donna le commandement, lui remit beaucoup d’argent et de joyaux, lui confia le gouvernement du Khorasan et le fit partir.

Ainsi se passa quelque temps; le monde était purifié et soumis à la foi sainte; alors Isfendiar envoya un messager à son père et lui fit dire:

Ô roi illustre et victorieux!

J’ai épuré le monde par la grâce de Dieu, et l’ombre de l’aigle royal couvre tous les pays;

Personne ne craint plus rien de la part de personne, aucun homme dans le monde ne manque d’or ni d’argent, la terre brille comme le paradis, le monde entier est cultivé et couvert de moissons, les cavaliers protègent tous les pays, et les laboureurs sont occupés aux travaux de la terre.

Le monde étant ainsi en repos, et les hommes qui suivent de mauvaises voies étant dispersés, que m’ordonnes-tu, ô roi des héros qui portent haut la tête?

Fais-moi savoir ce que tu désires de ces deux choses: ou que je me rende à ta cour pour te voir, ou que j’exécute tout autre ordre que tu aurais à me donner?

Le messager alla porter au roi ces bonnes nouvelles d’Isfendiar.


  1. Zerdouscht est ici Zoroastre

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021