Lorsque le roi Guschtasp entendit que le roi des Turcs et de la Chine se préparait, lui et son armée, avait quitté le lieu de sa résidence et envoyé au-devant de lui le féroce Khaschasch;
lorsqu’il sut qu’Ardjasp était parti avec une armée pour dévaster tout le pays d’Iran, il ordonna à son Sipehbed d’équiper dès le lendemain matin tous les éléphants et toutes les troupes, et écrivit une lettre aux commandants de ses frontières, disant:
Le Khakan a quitté la voie des hommes de bien;
amenez vos troupes à ma cour, car mon ennemi est sorti des limites de son pays.
Aussitôt que les commandants des frontières eurent reçu la lettre qui leur annonçait l’approche de l’ennemi qui ambitionnait la possession du monde, il parut à la cour du roi une armée plus nombreuse que les brins d’herbe sur la terre.
Les héros du monde entier s’armèrent pour le maître de la terre, le chef des Keïanides.
Tous les commandants des frontières se dirigèrent, sur son ordre, vers sa cour royale, et il ne se passa pas beaucoup de temps avant que mille fois mille hommes fussent arrivés et fussent campés auprès du roi, du héros illustre, du maître bienveillant pour tous.
Le roi fortuné se rendit au camp, inspecta l’armée et choisit ceux qui étaient propres au combat; il était heureux de ce qu’il voyait, et son esprit était confondu d’un si grand concours.
Le lendemain Guschtasp, accompagné des Mobeds, des nobles, des grands et des Sipehbeds, ouvrit les portes de ce trésor que Djemschid avait rempli, et paya à l’armée la solde pour deux ans.
Ayant distribué la solde et donné des cuirasses, il fit sonner les trompettes, battre les cymbales et faire les bagages.
Il ordonna de porter devant l’armée le drapeau impérial du bienheureux roi Djemschid, et conduisit ses troupes à la guerre contre Ardjasp, des troupes telles que personne n’en avait jamais vu de pareilles.
La poussière que soulevaient les chevaux et les hommes était si noire qu’on ne voyait plus ni le jour brillant ni la lune, et les hennissements des chevaux et le bruit de la foule étaient tels que le son des timbales n’arrivait pas aux oreilles.
Des drapeaux nombreux se déployaient, les pointes des lances perçaient les nuages comme des arbres croissant sur les montagnes ou des champs de roseaux au printemps.
C’est ainsi que, par ordre du roi Guschtasp, l’armée traversa les provinces l’une après l’autre.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021