Les timbales et les trompettes, les éléphants de guerre et les clochettes indiennes firent dans le Zaboulistan un bruit comme celui du jour de la résurrection et la terre cria aux morts :
Levez-vous !
Il s’avança du Zaboulistan une armée, on eût dit des lions ayant tous les griffes teintes de sang.
Devant elle marchait Rustem le Pehlewan, derrière lui les vieux guerriers ; et les vallées, les plaines et les montagnes se remplirent de troupes au point que pas un corbeau n’osait voler au-dessus ; toute la nuit ils firent résonner leurs tambours et le ciel et la terre disparurent sous les ténèbres.
Ce fut ainsi que Zal emmena son armée du Zaboulistan dans la saison des fleurs et des roses.
Afrasiab apprit des nouvelles de Zal et en perdit le repos, la faim et le sommeil ; il mena une armée sur le bord de la rivière de Reï, dans cette plaine arrosée et abondante en roseaux.
L’armée d’Iran s’avança peu à peu et quitta le désert pour s’approcher du champ de bataille.
Quand il n’y eut plus que deux farsangs entre les deux armées, le Sipehbed Zal rassembla les guerriers expérimentés et leur dit :
Ô hommes pleins de prudence, héros qui avez vu le monde et fait de grandes choses !
Nous avons rassemblé ici une armée nombreuse, nous avons fait des plans pour tout ce qui est beau et bon ; mais l’accord manque à nos conseils parce que nous sommes privés d’un roi, l’espérance manque à nos entreprises et un chef à l’armée.
Lorsque Zew le fortuné monta sur le trône, le monde lui rendit un hommage nouveau et maintenant il nous faut encore un roi de la race des Keïanides, assis sur le trône et ceint de la ceinture impériale.
Un Mobed vient de m’indiquer un prince glorieux et armé de la massue des rois, Keïkobad le héros, de la race de Feridoun, plein de majesté, haut de stature, rempli de courtoisie et de justice.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021