Le héros fit partir du camp un messager et lui remit la tête du roi de l’Occident.
Il écrivit une lettre a son grand-père, remplie du récit de ses combats, de ses entreprises et de ses ruses.
Il célébra d’abord les louanges du Créateur, puis celles du roi illustre :
Adoration au maître du monde qui donne la victoire !
C’est de lui que vient la force du corps et de l’esprit ; tout ce qui est bon et tout ce qui est mauvais, est sous son pouvoir ; toutes les douleurs cèdent à ses remèdes.
Qu’il répande ses grâces sur Feridoun, le sage, le prudent roi de la terre, qui brise les chaînes du mal, sur qui reposent la sagesse et la majesté de Dieu.
Nous avons tiré vengeance des cavaliers de la Chine, nous avons dressé contre leur vie une embuscade ; et à ces deux méchants souillés du sang de mon père, nous avons, par le pouvoir du roi, tranché la tête avec le glaive de la vengeance ; nous avons purifié la surface de la terre avec nos épées d’acier.
Je suivrai cette lettre, rapide comme le vent ; je viendrai auprès de toi pour te raconter ce qui s’est passé.
Ensuite, il envoya à la forteresse Schiroui, plein d’expérience et d’ambition ; il lui ordonna d’examiner le butin, d’en avoir soin et de faire avec prudence ce qu’il fallait, puis de placer ces richesses sur le dos des éléphants portant haut la tête et de les amener à la cour du roi en bon ordre ; ensuite il fit sortir de la cour des tentes royales les timbales d’airain et les trompettes et conduisit son armée du bord de la mer dans le désert et du désert vers la cour de Feridoun.
Comme il s’approchait de Temmischeh, son grand-père fut impatient de le voir.
Le bruit des trompettes s’éleva du château et toute l’armée s’ébranla.
Le roi à la fortune victorieuse fit placer sur le dos de tous les éléphants des trônes de turquoises, et des couches d’or, couvertes de brocarts de la Chine et incrustées de pierres précieuses.
On vit des drapeaux brillants de toute couleur et le peuple était habillé de rouge, de jaune et de violet.
Pendant ce temps l’armée arriva des côtes de la mer de Ghilan à Sari, se déroulant lentement comme un nuage noir et se prépara pour aller à la rencontre du roi, avec des selles d’or et des ceintures d’or, avec des étriers d’argent et des boucliers d’or, avec des trésors, des éléphants et des joyaux.
Quand Feridoun fut proche du roi et de son armée, il s’avança à pied sur la route, suivi des hommes du Ghilan, semblables à des lions, ornés de colliers d’or et de boucles de cheveux noirs comme le musc ; après le roi venaient les Iraniens, tous braves comme des lions.
Au-devant de l’armée marchaient des éléphants et des lions ; après les éléphants furieux, les braves guerriers.
L’armée de Minoutchehr se mit en rang aussitôt que parut le drapeau de Feridoun.
Le jeune roi descendit de cheval, c’était un jeune arbre plein de fruits nouveaux.
Il baisa la terre et invoqua la grâce de Dieu sur le trône et la couronne, sur le diadème et le sceau du roi.
Feridoun lui ordonna de monter à cheval, puis le baisa et le prit par la main.
Il monta sur son trône et envoya un messager à Sam, fils de Neriman, avec ordre de venir sur-le-champ ; car Sam était venu de l’Hindoustan pour aider Minoutchehr dans cette guerre contre le pays des magiciens et avait apporté de l’or et des présents, au-delà de ce que le roi lui avait demandé ; il avait apporté tant de milliers de pièces d’or et de joyaux, qu’aucun calculateur ne pouvait les compter.
Sam parut devant le roi de la terre et salua le vieux et le jeune prince.
Le roi du monde aperçut le Pehlewan, le fit asseoir devant lui à une place d’honneur et lui dit :
Je te confie mon petit-fils, car je suis un homme mourant, ô mon ami !
Aide-le en toute chose, fais en sorte qu’il devienne vertueux par tes soins.
Il prit la main du prince et la plaça dans celle du Pehlewan du monde, puis il tourna les yeux vers le ciel, en disant :
Ô Dieu de la justice et de la vérité, tu as dit :
Je suis Dieu, le dispensateur de la justice ; je donne aide, dans le danger, à ceux qui ont souffert par l’iniquité.
Tu m’as accordé justice et secours, tu m’as donné la couronne et la bague.
Tu m’as accordé, ô Dieu, tout ce que désirait mon âme.
Maintenant porte-moi dans un autre monde, car je ne désire pas que mon âme reste plus longtemps dans cette demeure étroite.
Schiroui, le chef de l’armée, arriva à la cour du roi avec les présents et en grande pompe et Feridoun les distribua à l’armée deux jours avant la fin du mois de Mihr ; puis il ordonna à Minoutchehr de s’asseoir sur le trône d’or couvert d’un diadème, lui plaça de ses propres mains la couronne sur la tête, lui donna beaucoup de conseils et lui déclara ses dernières volontés.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021