Darab quitta le désert des cavaliers armés de lances et atteignit le Roum, où il fit la guerre dans des contrées cultivées.
Le roi de Roum était Pheïlekous ; il était lié d’amitié avec le roi de Sous, qui lui fit écrire que le fils de Homaï était en route avec une armée innombrable.
À cette nouvelle, le maître de Roum se rappela ce qui s’était passé dans les temps an- Iciens ; il rassembla une armée de braves d’Ammourieh, tous des hommes illustres dans les combats.
Lorsque Darab arriva, les. grands de Roum abandonnèrent toute cette frontière ; mais Pheïlekous et les chefs de son armée sortirent d’Ammourieh bravement et avides de combat.
Deux grandes batailles furent livrées en trois jours ; mais le quatrième jour, lorsque l’astre qui illumine le monde commença à briller, Pheïlekous et son armée s’enfuirent, abandonnant leurs casques et leurs morions roumis.
On emmena en captivité leurs femmes et leurs enfants et l’on tua un grand nombre d’hommes avec l’épée et les flèches.
Lorsqu’ils arrivèrent à la ville, fuyant devant Darab, ils ne formaient plus que deux tiers de l’armée qui était partie, les autres étaient morts ou blessés ; leurs lances étaient liées sur leurs dos.
Ils -M se retirèrent derrière les murs d’Ammourieh et un grand nombre parmi eux désiraient faire leur paix.
Un envoyé vint de la part de Pheïlekous, un homme sensé, intelligent, gracieux et caressant ; il amena des esclaves et apporta des caisses d’or et une j offrande de deux boîtes de joyaux dignes d’un roi.
Voici son message :
Je demande à Dieu qu’il soit mon guide.
Terminons cette lutte par une fête ; détournons nos cœurs de la guerre !
Il faut en toute chose de la droiture et de l’humanité ; le mensonge et l’avidité n’amènent que la ruine.
Si tu approches d’Ammourieh, qui est ma capitale et si tu veux t’en emparer, prends garde, car mon cœur bouillonne déjà pour mon nom et mon honneur et j’irai au combat, fût-ce au moment d’une fête.
Agis comme il convient entre princes, car ton père était roi et son fils est roi. »
Darab écouta ces paroles,’appela ses nobles et leur soumit le cas en entier, ajoutant :
Que pensez-vous de ces paroles ?
Pheïlekous tient à avoir l’honneur sauf. »
Les grands invoquèrent les bénédictions de Dieu sur lui, disant :
Ô roi à l’esprit clairvoyant, à la foi pure !
Le roi des rois est le maître des grands, il choisira ce qu’il y a de mieux à faire.
Ce prince a une fille, à la taille de cyprès, aux joues de printemps ; on ne trouve pas d’enchanteresse comme elle en Chine, elle brille au milieu des idoles comme une bague étincelante.
Si le roi la voit, elle lui
5 plaira : c’est un cyprès élancé qu’il voudra transplanter dans son jardin. »
Le roi fit appeler le messager roumi et lui dit ce qu’il avait appris de ses amis, ajoutant :
Retourne chez le Kaïsar et dis-lui :
Voici comment tu peux sauver ton honneur.
Tu as, dans l’appartement de tes femmes, une fille qui est le diadème sur le front des reines, c’est une image que tu appelles Nahid, que tu places sur un trône d’or ; envoie-la-moi avec le tribut de Roum, si tu veux rester dans la possession tranquille de ton pays. a»
Le messager écouta et partit rapidement comme le vent ; il rapporta au Kaïsar ces paroles et Pheïlekous et son armée furent heureux de ce qu’il trouvait un gendre comme le roi.
On débattit longuement le tribut et ce que le Roum pouvait supporter.
À la fin ils tombèrent d’accord que le roi recevrait chaque année du Kaïsar, dans le mois de Mihr, dix mille œufs d’or fondu et toute espèce de joyaux dignes d’un roi ; chaque œuf devait peser quarante mitral et les pierres précieuses devaient être d’une grande valeur.
Pheïlekous distribua libéralement des joyaux aux gouverneurs des provinces du Roum, à tous ceux qui venaient des pays cultivés.
Ensuite, il ordonna aux savants et à tous les propriétaires de cette frontière de faire une route, en négligeant toute aure affaire.
Les grands, chacun portant son offrande, partirent avec la fille du roi ; on avait préparé une litière d’or, .8 et choisi des esclaves dignes elles-mêmes de porter un diadème ; il y avait dix chameaux chargés de broo caris de Roum brodés de pierreries et d’or pur et trois cents chargés de tapis et de ce qu’il fallait emporter’pour le voyage.
La belle Roumie était dans la litière et un évêque et des prêtres lui servaient de guides.
Derrière Nahid venaient soixante jeunes filles belles comme des idoles, ornées de diadèmes et de boucles d’oreilles, chacune tenant en main une coupe d’or remplie de pierres dignes d’un roi.
L’évêque remit à Darab la princesse aux belles joues et livra les joyaux à son trésorier.
Après cela Darab ne resta plus longtemps sur ce champ de bataille et ramena son armée dans l’Iran.
Il se dirigea gaiement vers le Fers avec cette femme qui charmait les cœurs et plaça sur sa tête le diadème du pouvoir.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021