Lorsque Dura lut cette lettre, [il resta confondu de ce que le sort amenait ; à la fin il dit :
Paraître devant le Roumi, ceint comme un esclave, serait pire que la mort et la tombe vaut mieux pour moi que la honte.
Un sage a .dit lit-dessus : Quand l’eau du fleuve grossit, une goutte .de pluie ne s’y aperçoit pas.
J’ai été le soutien de tous dans les combats ; mais, étant réduit à une détresse pareille, je ne me vois secouru par personne et ne puis attendre de l’aide que de Dieu. »
Puisqu’il ne trouvait d’allié ni près de lui ni au loin, il écrivit à Four une lettre remplie de supplications, d’humilité et de douleur, il commença par des hommages adressés au Maître du monde, puis il dit :
Ô prince des Indiens, homme plein de sens, de savoir et de sérénité d’esprit, tu as sans doute appris de quels malheurs les astres m’ont accablé.
Iskender a amené une armée du Roum et ne me laisse ni désert, ni terres cul-7.
tivécs, ni famille, ni-enfants, ni trône, ni couronne, ni diadème royal, ni trésor, ni armée.
Si tu veux venir à mon aide, de sorte que je puisse repousser le mal qu’on me fait, je t’enverrai de mon trésor des joyaux tels que tu n’auras plus jamais à amasser des richesses et en même temps tu deviendras illustre dans le monde, tu seras glorieux aux yeux des grands. »
Il expédia un dromadaire rapide comme le vent, auprès de Four, de la famille de Four.
Lorsque Iskender apprit ce que se proposait Dara fils de Darab, il fit sonner des trompettes et ; le bruit des timbales et des clochettes indiennes s’éleva ; il emmena d’lsthakhr une armée telle que le soleil s’égare dans le ciel.
Le tumulte des armées, des deux côtés, montait aux nues et les hommes vaillants n’avaient plus de repos.
Iskender disposa les rangs des siens selon les règles ; l’air devint noir, la terre disparut et Dara amena son armée, une armée sans envie de combattre, au cœur brisé et lasse de la guerre ; la fortune des Iraniens déclinait.
Ils attaquè-rent les Roumis, mais ce jour les lions furieux se conduisirent comme des renards.
Les grands ne demandaient que protection et de l’orgueil du pouvoir ils étaient tombés dans l’abaissement.
Dara, voyant cela, tourna le dos et s’enfuit en poussant des lamentations ; trois cents cavaliers l’accompagnaient, une troupe composée de ce qu’il y avait de plus glorieux dans l’Iran.
Dara avait deux DestDoursA, deuRx hoAmme.s il6lust9res qui étaient allés avec lui sur le champ de bataille : l’un était un Mobed du nom de Mahiar, l’autre portait le nom de Djanousipar.
Quand ils virent que la fortune était désespérée et que la puissante étoile et la gloire de Dara avaient ; succombé, ils se dirent l’un à l’autre :
Le malheureux ne reverra plus son trône et sa couronne ; il faut lui percer la poitrine d’un coup de poignard, ou le frapper sur la tête avec une épée indienne et Iskender nous donnera une province : nous semas le diadème sur le front de cet empire.
C’est ainsi que les deux Destours accompagnaient Dara, dont l’un était le conseiller, l’autre le trésorier ; le premier en rang se tenait à la gauche et Mahiar à la droite du roi.
La nuit étant devenue sombre et un orage s’étant formé dans l’air, Djanousiparsaisit un poignard et en frappa la poitrine de son maître : la tête du roi illustre s’incline et toute son escorte l’abandonna.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021