Dara

Commencement du récit

...

Lorsque Dara fut remis du deuil de Darab, il éleva le trône des Keïanides au-dessus du soleil.

C’était un homme jeune, sévère et colère ; sa langue était plus tranchante qu’une épée.

Il s’assit sur le trône et dit :

Ô chefs de l’armée, héros qui portez haut la tête, hommes vaillants !

Je ne veux de personne qui soit tombé bas ; et ne tirerai personne d’un état infime pour le rapprocher de la couronne et du trône.

Si quelqu’un désobéit à mes ordres, que son corps n’espère pas garder sa tête !

Si quelqu’un laisse entrer dans son âme la fausseté, je lui arracherai le cœur avec l’épée.

Si quelqu’un possède des trésors, je veux qu’il ne jouisse du fruit de son travail que par ma permission.

Je ne veux pas de guide ; c’est moi qui suis le guide, moi qui suis l’auteur de toutes les joies du cœur.

Toute jouissance, toute fortune vient de moi ; tout devoir est envers moi et à moi sont le pouvoir, l’empire et le monde.

Il appela un scribe intelligent et lui parla longuement de toute chose ; alors le fortuné scribe composa une lettre au nom de Dara, fils de Darab, fils d’Ardeschir et le roi fit envoyer, partout où il y avait un roi ou un prince indépendant, une lettre tranchante comme une épée et disant :

Quiconque s’écarte de ma volonté et de mes commandements verra comment je fais voler les têtes.

Obéissez tous à mes ordres, soit pour ôter à d’autres la vie, soit pour donner la vôtre.

Il ouvrit les trésors de son père, rassembla son armée et paya la solde ; il paya depuis quatre jusqu’à huit direms par mois ; aux uns, il donna de quoi remplir une coupe, aux autres de quoi remplir un plateau.

Il distribua de l’argent, de l’or et des caparaçons, des cuirasses, des épées et de lourdes massues.

Aux chefs qui avaient de l’expérience, il donna à chacun une province ; à l’un de ceux qui portaient haut la tête, il confia le commandement des frontières et à tout homme de son armée il donna quelque chose qui avait de la valeur.

De tous les pays, de tous les grands, de tous les princes, de l’Inde et du Roum, du Faghfour de la Chine, du Khakan, enfin de partout arrivèrent des envoyés chargés de présents et de tributs, car personne ne pouvait résister à Dara.

Il bâtit une ville appelée Zernousch et le pays d’Ahwaz s’en réjouit.

Il rendit justice aux pauvres, il assista de ses trésors ceux qui l’imploraient.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021