Schenguil l’écoute et demanda la lettre ; il était étonné de l’aspect et des paroles de cet illustre cavalier.
Lorsqu’un scribe fortuné lui eut lu cette lettre. la joue du roi devint jaune comme le curcuma et il dit :
Ô homme aux paroles éloquentes !
Ne te hâte pas de parler et reste calme.
Ton roi montre de la présomption et ton voyage ici en montre de même.
Si quelqu’un s’avise de demander un tribut de æ l’Hindoustan, je ne serai pas de l’avis de celui qui en parlerait.
Si ton roi parle de son armée ou de ses trésors, ou de fouler aux pieds les villes et les provinces et de les livrer à la misère, sache que les rois sont les grues et moi l’aigle, ou moi une mer d’eau et eux la poussière.
Personne ne s’attaque aux astres, personne ne cherche le renom et la gloire en combattant le ciel.
Il vaudrait mieux faire de grandes actions que de prononcer des paroles vaines qui n’inspireraient aux sages que du mépris pour toi.
Vous n’avez ni courage ni sagesse, vous n’avez ni pays ni ville : vous n’avez de la royauté que le langage.
Tout mon pays est plein de trésors cachés, auxquels mes ancêtres n’ont jamais touché ; ensuite j’ai des magasins de caparaçons et de cottes de maille si nombreux quc,.quand mon trésorier veut les ouvrir, il faut charger de clefs des éléphants, si tant est qu’un éléphant de guerre peut les porter.
Si je voulais énumérer mes épées et mes cuirasses, le nombre des astres te paraîtrait méprisable à côté de ces chiffres ; la terre ne peut pas porter mes armées, mes éléphants de guerre et mon trône ; si 3.
Tu multiplies des milliers d’hommes par des milliers, ce sont eux qui me reconnaissent pour leur roi.
Les pierreries dans les montagnes, les perles dans la mer sont à moi, c’est par moi que le monde se soutient aujourd’hui.
Les fontaines où l’on trouve l’ambre, le bois d’aloès, le musc, les parfums du camphre frais, les remèdes pour les malades, pour quiconque est souffrant sur la surface de la terre, mon pays est plein de tout cela et d’or et d’argent et de pierreries., Quatre-vingts rois qui portent des couronnes d’or prennent les armes quand je l’ordonne.
Tout mon pays est plein de montagnes, de fleuves et d’abimes ; et un Div ne le traverserait pas.
Depuis Kanoudj jusqu’aux frontières de l’Iran et de la au pays des Slaves et à la mer de la Chine, tous les princes sont mes sujets et forcés de me rendre hommage et toutes les sentinelles dans l’Inde, en Chine et dans le Khoten ne proclament que mon nom ; tous célèbrent ma couronne et se surpassent dans leur dévotion envers moi.
Dans l’appartement de mes femmes, la fille du Faghfour de la Chine invoque les grâces de Dieu sur moi et elle m’a donné un fils au cœur de lion qui fend avec son épée les roches.
Depuis le temps de Keï Kaous et de Keï-Kohad personne n’a parlé de tribut à ce pays.
Une armée de trois cent mille braves me salue comme roi et douze cents de mes alliés, qui
LtAlllMlt m’appartiemient de père en fils et sont debout devant moi dans l’Inde, ne permettent à personne de -m’approcher, des hommes tels qu’à l’heure du combat - les lions dans la forêt rongent de peur leurs ongles quand ils entendent leur voix.
Si la centaine permettait à un homme noble de mettre à mort dans sa colère un envoyé, je séparerais ta tête de ton corps et ta chemise aurait à pleurer sur toim y Bahram lui répondit :
Ô roi couronné !
Si tu es un prince, ne répands pas la semence de la colère.
Mon maître m’a ordonné de te dire : Si tu es homme de sens, ne choisis pas la voie des Divs, mais produis deux sages de ta cour, les plus habiles à la parole que tu connaisses et si l’un d’eux se montre supérieur en raison et en intelligence à un de mes nobles, je renonce à toute prétention sur ton pays ; car l’homme intelligent ne méprise jamais la parole.
Ou, si tu le préfères, choisis dans l’Hindoustan cent cavaliers vaillants qui manient la lourde massue ; ils se battront contre un seul de nous et si votre bravoure et votre valeur font leurs preuves, je cesserai de demander un tribut de ton pays. »
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021