Bahram Gour

Bahram montre son habilité dans la chasse à l'onagre

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Le lendemain, lorsque le soleil eut fait resplendir sa couronne, le roi du monde alla à la chasse des onagres.

Tout le cortège banda les arcs et le roi suivit ces hommes.

Il dit :

Quiconque frotte de la main son arc et lâche la flèche sur le corps d’un onagre ne doitle tirer qu’à la fesse, de façon que la pointe de la flèche sorte au poitrail. »

Un des Pehlewans lui dit :

Ô roi !

Regarde cette troupe illustre et vois qui, parmi elle, a un arc et des flèches avec lesquels il pourrait faire cela, qu’il soit de tes amis ou de tes ennemis ?

Uu pareil coup t’est possible peut-être, puissent la tête et ton diadème être éternels !

Car, quand tu prends ta flèche, ton épée"

et ta massue, l’armée entière est pleine de respect pour tes bras de roi et ta haute stature, elles mains ne saisissent plus que mollement les flèches et les . arcs. »

Le roi répondit :

C’est un don de Dieu et qu’est-ce que Bahramtsi Dieu le prive de sa force ? !

Bahram Gour lança’son cheval Schebdiz ; lorsqu’il fut près d’un onagre mâle, il saisit le moment, lâcha l’anneau et frappa l’animal de manière que la flèche allât de la fesse jusqu’à la poitrine.

L’onagre tomba à l’instant et les héros aux ceintures d’or accoururent ; ils restèrent confondus de ce coup et appelèrent d’une seule voix les bénédictions sur lui.

On ne voyait ni les plumes ni la pointe de la flèche, qui avait disparu 4 dans le corps de l’onagre.

Tous ces vaillants cavaliers, ces hommes de guerre, chantèrent ses louanges et un Pehlewan lui dit :

Ô roi !

Puisse ton œil nejamais voir le malheur du sort !

Tu es un cavalier, mais a nous tous sommes assis sur des ânes ; nous ne valons pas même des âniers. »

Le roi lui répondit :

et Ce n’est pas ma flèche, c’est Dieu le victorieux qui est venu à mon aide ; celui à qui le Maître du monde ne donne pas de la force et de l’assistance est l’être le plus bas qu’il y ait sur terre. »

Il lança son destrier : on aurait dit que ce cheval était un aigle qui volait ; un onagre se présenta :

c’était une femelle, devant laquelle courait son petit, . qui était fatigué.

Bahram la frappa de l’épée au milieu du corps : l’épée ne trouva.pas de résistance et l’onagre tomba en deux moitiés.

Les grands pleins d’orgueil et les inférieurs prêts à frapper de l’épée accoururent et quand ils virent ce coup donné à l’onagre, un homme intelligent dit :

Voilà une épée !

Voilà de la force !

Puisse ce roi être préservé du mauvais œill et il ne laissera peut-être pas la lune dansle ciel.

La tête des grands de la terre est sous ses pieds, le ciel est soumis à ses flèches et à son

. épée. »

L’armée s’élança sur les traces du roi et se mit à débarrasser le désert des onagres ; mais Bahram fit faire des anneaux d’or, sur lesquels on grava son nom et qu’il suspendit aux oreilles d’onagres qu’il ’.

Relâcha ; il fit encore marquer un troupeau de six cents qu’il mit en liberté, pour la gloire de son nom, pour son plaisir et son agrément.

Un homme lit le tour du camp, proclamant :

que personne, sur cette large plaine, ne devait vendre aux marchands un seul onagre, mais qu’on devait les leur donner pour rien.

Les gens de Barkouh et les notables de Djez apportèrent beaucoup de brocarls et de fourrures que le roi accepta, en [donnant l’ordre de ne leur demander aucun impôt, quand même ils pourraient le payer facilement.

Tous les pauvres de ce pays et ceux qui gagnaient leur vie . par leur travail devinrent riches par les largesses du roi et beaucoup d’entre eux eurent des trônes et des diadèmes.

Bahram revint de la chasse dans son palais et donna à la ville et à l’armée sept jours de bonheur.

Il tint une cour plénière sur la place publique ; l’arc ruée y assistait à pied et les beaux parleurs, les hommes intelligents, les pauvres et les solliciteurs y étaient.

Il leur dit :

Ô vous qui demandez justice !

Cherchez un asile auprès de Dieu et non pas auprès de ses serviteurs.

Mais ceux qui n’auraient pas dormi parce que je leur aurais fait de la peine, ceux qui n’ont pas eu leur part de mes trésors, allez au Meidan pour voir si le roi ne vous fait pas un nouveau sort.

Ensuite, s’il y a des vieillards quisontiucaa pables de travail et latigués, ou des hommes jeunes mais malades ; s’il y en a, parmi cette foule, qui sont endettés et craignent les poursuites de leurs créanciers, ou des enfants privés de leur père, qui n’osent rien demander aux riches et dont les mères sont en secret dans le besoin et veulent dissimuler leur misère, ou des petits enfants d’un homme riche qui est mort et dont un administrateur sans honte dans le cœur, sans crainte de Dieu, voudrait s’approprier la fortune, que personne ne me cache un cas semblable ; car je ne puis me servir de ceux qui ont des secrets pour moi.

Je voudrais rendre riche le pauvre, ramener à la foi l’âme de l’impie, payer les dettes de celui qui n’a pas d’argent et donl le cœur est dans le souci.

J’ouvrirai la porte du trésor aux pauvres honteux.

Et si mes administrateurs font naître des chagrins et dépouillent les orphelins, j’attacherai vivants au gibet ces méchants qui oppriment des hommes libres. »

Ensuite on ouvrit la porte du trésor et ceux quiavaient été dans le besoin devinrent. riches.

Bahram, en quittant le lieu de la chasse,se rendit à Baghdad ; ayant acquis de la sagesse, il partit le cœur en joie.

Les grands qui portaient haut la tête, tant les étrangers que ceux qui étaient de sa famille, se présentèrent devant lui, mais il ordonna à tout son cortège de s’en retourner et entra lui-même dans le palais quicharmait le cœur.

On prépara une cham-.

Bre à coucher dorée et les serviteurs demandèrent du musc et du vin ; les idoles chantèrent des chansons et jouèrent du luth ; on renvoya du palais tous les étrangers et le monde réjouit l’air du ciel par le son de la musique, le parfum du vin, les (lûtes et le bruit des chants et dans chaque chambre les idoles exécutèrent la nuit des danses, pour que l’âme du roi ne devînt pas sombre.

Pendant deux semaines il se livra à la joie et ouvrit ses trésors jour et nuit, donnant de l’argent ; puis il alla dans la ,ville’d’Isthakhr et plaça sur sa tête la couronne glorieuse.

Il ouvrit l’appartement des femmes du palais de Khorrad et gratifia ces idoles d’un trésor d’argent.

Quand le roi d’Iran en trouvait qui, dans leurs chambres à coucher dorées, n’avaient pas de couronnes ni des trônes d’ivoire pour s’asseoir, il murmurait beaucoup, se fâchait et se mordait les lèvres, dans son mécontentement de Rouzbeh.

Il lui dit :

Je leur donnerai les tributs de Roum et des Khazars, quand tu me les apporteras ici.

Demande tout de suite quelques charges d’âne d’or, demande-les aux trésors de Beî

et. d’Isfahan ; car, de la manière dont tu agis, l’appartement de mes femmes devient une ruine et n’est pas digne du roi de l’Iran. »

On exigea de toutes les provinces de nouveaux impôts, on para la terre de brocarts et le monde jouit ainsi pendant quelque temps de l’absence de toute guerre,de toute peine, de toute dispute et de tout combat.

Bahram ne s’occupait que de chasse et de vin et sa seule joie était la société de ses amies.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021