Faramourz reçut ces nouvelles à la frontière de Bost ; il s’affligea et se prépara à venger son grand-père.
Il rassembla une armée et se mit en route contre Bahman, parlant sans cesse des combats que Rustem avait livrés.
Lorsque Bahman apprit cette marche, il en fut troublé sur son trône impérial ; il fit préparer les bagages, fit monter à cheval ses troupes et marcha pendant deux semaines, jour et nuit.
Le bruit des clairons et des clochettes fit trembler le cœur des montagnes, le ciel noircit la face du monde comme du bitume et les flèches tombaient de ces ténèbres comme une grêle.
Les coups de hache et les frémissements des arcs rendaient la terre plus agitée que le ciel.
Pendant trois jours et trois nuits, sous la lumière du soleil et sous le clair de la lune, il pleuvait sur ce champ de bataille des coups de massue et d’épée d’acier et le ciel forma un brouillard de la poussière que soulevaient les armées ; le quatrième jour s’éleva un orage tel que le jour se confondait avec la nuit : le vent soufflait vers Faramourz et le roi du monde se réjouit de la tempête ; il suivit les nuées de poussière, son épée tranchante en main et porta la destruction dans l’armée ennemie.
Des hommes de Bost, de l’armée du Zaboulistan et des braves de Kaboul, accoutumés à frapper de l'épée, il ne demeura pas un cavalier sur le champ de bataille ; pas un de ces nobles pleins de fierté ne resta ; tous tournèrent le dos et abandonnèrent honteusement Faramourz.
Tout le champ de bataille n’était que des montagnes de morts des deux armées, jetés les uns sur les autres.
Faramourz, avec quelques hommes avides de combats, tenait bravement tête ; tout son corps était couvert de blessures faites par l’épée, car c’était un fils de lion et un lion lui-même.
Il savait que ce jour était le jour de sa perte, que son temps était venu, que c’était là le piège de la destinée.
Il dit :
Je me suis jeté dans la gueule du dragon, je ne sortirai pas vivant de ce lieu, mais je vais acquérir ici, par ma massue et mon épée tranchante, un nom qui durera jusqu’à la résurrection.
Il s’élance sur le centre de l’armée, de manière à pénétrer jusqu’auprès du roi ; il abattit quelques-uns des chefs, des braves, tous des hommes illustres et des champions de l’armée.
Quand les héros le virent, ils furent troublés et lancèrent contre lui une masse de troupes ; ces cavaliers l’entourèrent ; le lion furieux était fatigué par ses blessures ; son destrier, affaibli par les pointes des flèches qui le frappaient, tomba par terre épuisé.
Faramourz saisit à l’instant sa lourde massue et resta vainqueur des braves ; mais son sang avait tant coulé que ses forces l’abandonnèrent ; il s’arrêta et demeura silencieux.
À la fin un de ces lions rugissants fit prisonnier le héros illustre et le conduisit du champ de bataille vers Bahman.
Le roi haineux le regarda pendant quelque temps, mais l’aspect du héros ne put le résoudre à lui faire grâce de la vie.
Il ordonna qu’on dressât un gibet et y fit attacher Faramourz vivant ; il fit pendre cet homme au corps d’éléphant la tête en bas et à la fin Ardeschir, le Keïanide illustre, le fit tuer par vengeance avec une pluie de flèches.
Dernière mise à jour : 26 déc. 2021