Le monde, depuis le Roum jusqu’à la Chine, du pays des Turcs jusqu’à l’Inde, était devenu, sous la main d’Ardeschir, brillant comme du satin roumi.
De toutes les frontières affluaient les tributs et les redevances, personne ne résistait au maître du monde.
Il fit appeler tous les grands de l’Iran, les fit asseoir selon leur rang sur des trônes d’or, puis le maître du monde se leva et prononça de bonnes et vraies paroles, disant :
Ô grands du pays, ô vous tous qui lavez du sens et de l’intelligence !
Sachez que quand ce ciel à la rotation rapide favorise quelqu’un, ce n’est pas par justice et quand il étend ses bras vers lui, ce n’est pas par tendresse ; qu’il élève puissamment celui qu’il veut, puis l’abaisse dans la poussière sombre et ne laisse de lui que son nom, pendant que tout le produit de ses peines disparaît avec lui.
Ne veuillez donc laisser dans le monde qu’un bon renom, vous tous qui désirez une bonne fin.
Ton sort, ô Ormuzd, sera ce que voudra Dieu le tout saint ; tourne-toi donc vers lui et ouvre-toi à lui, car il est le maître et peut augmenter ton bonheur ; en tout malheur le refuge est auprèsidu Maître du monde, car il a le pouvoir sur le bien et le mal ; il te rendra aisé tout ce qui est difficile, c’est par lui que tu charmeras les cœurs, que ta fortune sera victorieuse.
Commence par prendre exemple sur moi, rappelle-toi vivement mon passé, heureux et malheureux.
Aussitôt que j’ai pris Dieu pour asile, mon cœur s’est réjoui de la possession de la couronne et du trône.
Les sept zones de la terre sont mon royaume, tel qu’il lui a plu de me le donner dans sa puissance.
Je reçois les tributs du Roum et de l’Inde et le monde est devenu dans ma main brillant comme du satin roumi.
Je. rends grâce à Dieu de m’avoir donné de la force, une
* étoile puissante et la faveur de Saturne et du soleil.
Qui saurait le louer dignement et le prier selon la grandeur de ses œuvres, dans l’espoir qu’il fasse attention à notre soumission et qu’il montre sa toute-puissance ?
a Maintenant disons tout ce que nous devons faire .
par esprit de justice, de la justice qui donne le bonheur.
J’ai droit à la dîme dans toutes les villes, les Dikhans et les Mobeds m’en sont témoins ; mais j’y renonce et vous en fais remise entière, de même de la dîme sur la terre et de l’impôt sur les troupeaux, espérant que vos chefs apporteront dans mon trésor ce que vous aurez de superflu.
La dime que je prélevais jusqu’ici et les autres impôts, qu’ils fussent plus ou moins considérables que la dîme, j’ai employé le tout utilement, j’ai maintenu à ma cour une armée innombrable, j’ai travaillé à votre bonheur et à votre tranquillité et à la destruction de la foi d’Ahriman.
Vous tous, tendez les mains vers Dieu,-faites vos efforts pour ne pas manquer à vos devoirs envers lui, car c’est lui qui donne et lui qui possède, lui qui a brodé d’étoiles le ciel sublime ; il est secourable à l’opprimé ; ne vous glorifiez envers personne en face de sa gloire.
Ne laissez pas entrer la fausseté dans votre cœur, car après l’élévation vient toujours la chute.
Où sont ceux dont le trône a froissé les nuages, ceux dont les lions ont été la proie ?
Tous ont pour couche la terre et la brique, etbeureux celui qui n’a semé que la se-’
mence du bien.
Vous tous qui demeurez dans mon pays et qui prêtez l’oreille à mes dernières volontés, je vais vous indiquer cinq voies qui valent plus que la couronne et les trésors. »
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021