Ardeschir Babekan

Prêtez tous l’oreille, vieux et jeunes, aux paroles d’Ardeschir, le roi illustre :

Quiconque sait que le distributeur de la justice existe ne doit adorer que Dieu, le saint.

Ensuite ne méprisez pas la sagesse, que vous soyez sujets ou rois.

Sachez que jamais parole ne s’efface de la mémoire du sage.

Croyez bien que la peur du péché est plus efficace que les chaînes et la prison du roi.

Enfin, la parole du malveillant n’est pas en honneur auprès des grands. »

Je vais vous donner encore un avis qui vaudra mieux que ce que voient vos yeux et votre esprit.

Heureux celui qui rend prospère le monde et qui en public et en secret agit de même ; ensuite celui qui possède une voix douce, de l’intelligence, de la modestie et une parole chaleureuse.

Compte ta dépense, car celui qui gaspille par vanité et sottement son argent en folies n’en tire aucun profit, personne ne l’en remercie et les hommes pieux ne l’approuvent pas.

Si tu cherches la voie moyenne, tu te soutiendras,’et les hommes de sens t’appelleront sage.

Pour passer en paix par ce monde, tu as devant toi cinq routes sur lesquelles ta foi et ta ce piété fleuriront, ta santé et ton contentement s’accroîtront et où le miel de la vie ne sera pas accompagné de poison.

D’abord ne cherche pas, par avidité et ambition, à dépasser ce que Dieu t’accorde.

Biche est celui qui est satisfait et le rosier du printemps porte pour lui des fleurs nombreuses.

Ensuite résiste à la convoitise et ne dis pas ton secret devant les femmes.

Troisièmement, ne te complais pas dans la gloire et les combats, car la gloire et les combats amènent des peines et des soucis.

Ensuite écarte de ton cœur le chagrin et ne t’afflige pas de maux futurs.

Cinquièmement, ne te mêle pas d’affaires qui ne sont pas les tiennes, elles ne te regardent pas.

Prêtez tous l’oreille à mes conseils et à mes paroles profitables.

Ne cesse jamais d’apprendre, si tu veux éclairer ton esprit ; si tu as un fils, livre-le à l’étude et restreins le temps donné aux jeux.

Faites

-tous attention à mes paroles et à la peine que je me donnehpour vous.

Vous tous qui êtes justes et sereins d’esprit, n’abandonnez jamais votre intimité entre vous.

Donnez à votre cœur du repos par’quatre choses, d’où vient tout ce qui est bon et utile.

D’abord craignez, vénérez et respectez Dieu, pour qu’il vous dirige et vous guide ; ensuite n’abusez pas de votre corps et préservez de souillure la pan de la robe de votre foi ; réglez votre cœur selon les ordres de Dieu, aimez-moi comme vous vous aimez vous-mêmes.

Troisièmement, pour faire apparaître la droiture, repoussez au loin toute fraude.

Enfin. ne détournez pas votre cœur des volontés du roi du monde, ni en public ni en secret ; restez-lui attachés comme à votre propre vie et l’obéissance à ses ordres vous rajeunira ; prenez à cœur ce qu’il ordonne et ne laissez pas dévier votre esprit de la loyauté envers lui.

Vous l’aimerez comme la vie, quand vous verrez qu’il veille sur vous par sa justice.

Le roi prend sur lui les chagrins de la royauté et ne s’inquiète pas du dommage qui peut lui en revenir.

S’il sait que ses gouverneurs et son armée oppriment le pays et s’il n’intervient pas selon la justice, il n’est pas digne d’être maître du monde et la couronne des rois ne lui sied pas ; il noircit son brevet de royauté et la majesté souveraine l’abandonne.

Sache qu’un roi injuste est un lion féroce sur une prairie et qu’un sujet qui ne se conforme pas avec zèle et de tout son cœur aux ordres du roi vivra dans la peine et les chagrins et ne vieillira pas dans cette demeure passagère.

S’il te faurdu bonheur et de lapaissance, tu ne les obtiendras pas par l’avidité et la hauteur.

Puisse le cœur de mes sujets être heureux, puisse le monde-être prospère par ma justice ! »