Le roi fit venir son scribe et le Grand Mobed Ardeschir et le scribe écrivit une lettre royale en pehlewi sur du papier.
Lorsqu’il eut noirci avec de l’ambre les deux joues de son roseau, il commença la lettre par des actions de grâces adressées au Dispensateur de la justice, qui a créé le cieI,qui a créé tout ce qui est haut, tout ce qui est profond et le soleil ; nous sommes tous des esclaves et il est le maître ; l’intelligence témoigne de sa puissance, la respiration ne se fait que par son ordre et le pied de la fourmi ne presse pas la terre sans sa permission.
Je lui adresse des prières pour que mes bénédictions arrivent au Khakan de la Chine.
Quant à ce que tu dis des Heitaliens qui se sont ceints pour le mal, comme tu le décris, ils ont follement et injustement versé du sang et sont tombés eux-mêmes dans le lacs qu’ils ont tendu ; il est certain que le malfaiteur, quand même il aurait la force du lion, ne peut résister à Dieu ; et quand ils se sont conduits comme des léopards, tu les a vaincus dans la bataille.
Ensuite tu parles de ton armée et de ton trésor, du pouvoir, du trône etdu diadème du Faghfour ; mais un homme sage n’approuve pas qu’on parle de sa puissance ; jamais tu n’as vu le trône et la couronne du pouvoir et l’armée et le pays de Djadj t’étonnent.
On peut parler ainsi à ceux qui n’ont jamais vu un trésor une armée, une bataille ou des travaux, mais les grands de la terre qui m’ont vu, ou qui ont entendu parler de moi sans m’avoir vu, savent que je ne compte pas pour un peu d’eau la mer de la Chine et que les montagnes tremblent. quand même je me repose.
Toute la terre contribue à mon trésor ; partout ou il y a de l’eau et de la terra, on travaille pour moi.
Ensuite tu demandes mon amitié, tu désires qu’il y ait un lien entre nous ; puisque tu proposes des fêtes, je ne désire pas les batailles, car personne ne préfère un combat à un festin et aucun homme de sans ne recherche la lutte contre un homme illustre, surtout un homme d’humeur guerrière, qui est toujours prêt à se battre, qui a vu souvent ouverte la porte des batailles, qui n’a pas besoin d’un maître à l’heure du combat et peut au plus fort de la lutte maintenir son cœur aussi tranquille que sans la couronne et sur le trône.
Que le Créateur du monde te soit en aide, que ton diadème et ton sceau restent brillants ! »
On plaça le sceau du roi sur la lettre, on prépara la couronne et le trône du Chosroès, on apporta des robes d’honneur, selon la coutume des Keïanidss.
’ et l’on appela les envoyés devant le roi, qui les chargea d’un long message verbal que son esprit lui suggérait d’ajouter au contenu de sa lettre.
Ils partirent contents de la cour du roi, se mirent en route pleins de louanges et se présentèrent devant le Khakan de la Chine en prononçant des bénédictions sur lui.
Le Khakan, qui connaissait le monde, fit évacuer la salle, son vizir se plaça devant le trône, le prince fit appeler les envoyés eteparla longtemps avec eux de Kesra. ’Il les questionna d’abord sur son intelligence, son savoir, sa manière d’être, son langage, sa mine et sa stature, ensuite sur le nombre de troupes qu’il avait avec lui et sur les personnes qui avaient des sceaux et des diadèmes, sur ce qui se faisait de juste et d’injuste dans le pays, sur l’armée, sur les provinces, sur les trésors et la couronne du roi.
Le plus éloquent des envoyés délia sa langue et lui raconta tout ce qu’il avait vu ; il dit au Khakan :
Ô roi, ne crois pas qu’il soit tant ton inférieur !
Pendant le temps que nous avons passé auprès de lui, heureux de cœur et frais de visage, nous avons vu en lui un roi comme il n’y en a pas d’autre dans la salle du banquet, dans la bataille le et à la chasse.
Il a la taille d’un cyprès et la force d’un éléphant et sa main.est dans sa générosité comme les flots du Nil.
Assis sur son trône, il ressemble à un ciel qui inspire la confiance ; sur le a champ de bataille, à un crocodile destructeur.
Quand il se met en colère, il tonne comme les nuages et sa voix apprivoise le lion ; quand il boit du vin, il soumet les cœurs par le son doux de sa voix et par ses paroles chaleureuses.
Sur le trône, il est comme le bienheureux Serosch, une branche fertile d’un arbre auguste.
Tout le pays d’Iran forme son armée et adore son diadème ; quand il tient sa cour dans la plaine, le monde ne peut pas contenir son armée ; tous ses guerriers, armés de massues, portent des ceintures d’or, tous ses serviteurs sont pleins de grâce et de dignité et Dieu le créateur seul sait le nombre des éléphants, des degrés de son trône d’ivoire, des trônes, des bracelets, des colliers et des couronnes qui servent a ses pompes.
Si une montagne de fer voulait lui résister, elle serait devant sa colère comme la pointe d’une aiguille et quiconque est las de la vie n’a qu’à prendre courage et le combattre. »
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021