Gau envoya des cavaliers partout où il y avaitvun v1.
Mobed distingué et ils arrivèrent tous à la porte du roi ; ils arrivèrent à cette cour illustre.
Le roi du monde s’assit avec ces Indiens, hommes puissants, savants et brillants d’esprit ; et le précepteur leur fit un dessin du champ de bataille pour montrer comment s’était passé le combat des rois et des armées ; ils parlaient tous à cet homme ingénieux du fleuve, du fossé et de la prise d’eau ; aucun d’eux ne dormit pendant cette nuit et ils n’ouvrirent pas entre eux les lèvres sur autre chose. ’ Lorsque le son des timbales se fit entendre sur le Meîdan, ces hommes pleins d’expérience se firent apporter du bois d’ébène et deux hommes puissants et bienveillants en firent un tableau carré, représentant le fossé, le champ de bataille et les deux armées en face l’une de l’autre.
On dessina sur ce tableau cent cases, sur lesquelles les armées et les rois pouvaient se mouvoir ; ensuite ils firent deux armées en bois de teck et en ivoire et deux rois portant haut. la tête, majestueux et couronnés ; des l’air tassins et des cavaliers formaient deux rangs en ordre de bataille ; on exécuta les figures des chevaux, des éléphants, des vizirs et des braves s’élançaient à cheval contre l’ennemi, tous comme ils vont au combat, les uns en se hâtant et en bondissant, les autres avec calme.
Le roi était au centre, ayant d’un côté son précepteur bienveillant ; à côté d’eux étaient deux éléphants qui faisaient lever une poussière sombre comme les eaux du Nil;.à côté des deux éléphants se tenaient deux dromadaires montés par des hommes aux intentions pures ; les dromadaires étaient suivis de deux chevaux et de leurs cavaliers, prêts à combattre aux jours de bataille ; enfin ce rang se terminait dans les deux armées par deux vaillants rocs, aux lèvres p incs d’écume de sang.
Devant et derrière se mouvaient des fantassins destinés à venir en aide aux autres dans le combat et si l’un d’eux traversait jusqu’à l’autre bord le champ de bataille, il se plaçaità côté du roi comme le précepteur.
Celui-ci ne s’avançait jamais dans le combat de plus d’une case au-delà du roi ; l’éléphant qui portait haut la tête parcourait trois cases et observait tout le champ de bataille, jusqu’à la distance de deux milles ; le dromadaire, de même, pouvait s’avancer detrois cases en se démenant sur le champ de bataille ; le cheval aussi allait jusqu’à la troisième case, dont une était écartée de sa route directe.
Personne n’osait combattre en face le roc, car il pouvait traverser tout le tableau.
Chacun s’élançait ainsi dans son arène propre et ne faisait ni plus ni moins que ses mouvements prescrits.
Quand quelqu’un se trouvait à la portée du roi dans le combat, il disait à haute voix :
Gare, ô roi ! »
Et le roi quittait sa case jusqu’au moment où il ne pouvait plus seflouvoir’ ; l’autre roi, le cheval, le précepteur, l’éléphant et les troupes à pied lui ayant fermé le chemin, vi regardait autour de lui des quatre côtes, voyait ses hommes renversés et leurs sourcils froncés, l’eau et le fossé lui barrant le passage, l’ennemi à gauche et à droite, devant et derrière lui et puis il mourait de fatigue et de soif : tel était l’ordre que lui avait adressé le ciel qui tourne.
Gau, le noble et bienveillant roi, avait vivement désiré ce jeu d’échecs qui représentait le son de Thalhend ; sa mère l’étudia, le cœur gonflé de sang par le deuil de son fils ; elle restait jour et nuit pleine de douleur et de colère, les deux yeux attachés sur les échecs ; elle ne voulait et ne désirait plus que ce jeu, car son âme était désolée de la perte de Thalhend, elle ne cessait de verser des larmes de sang et n’espérait de guérison de ses peines que par les échecs.
Elle resta ainsi sans manger et sans se mouvoir jusqu’à ce que sa fin fût arrivée.
Telle est la nature des affaires du monde qu’elles te remplissent tantôt de chagrin, tantôt de joie.
J’ai achevé cette histoire telle que je l’ai apprise dans de vieux récits et l’échiquier est resté depuis ce temps comme un souvenir parmi les hommes.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021