Il arriva que le maître du monde fit le plan d’aller à la chasse aux loups ; il fit amener un grand nombre de chevaux de chasse devant le .palais et aperçut la marque de Mahboud sur deux des chevaux qu’il examinait.
Ses joues se colorèrent à la vue de ces chevaux arabes, car son âme brûlait encore d’amitié pour Mahboud.
Il versa des larmes de douleur, car le souvenir de Mahboud avait laissé une profonde empreinte sur son cœur.
Il dit :
Cet homme si glo-’ rieux, si honoré, comment le Div maudit a-t-il pu l’égarer ?
Il était un ami si vrai et si sincère, pourquoi son âme a-t-elle cherché la route de la perdition ?
Il n’y a que le Seigneur du monde, l’unique, qui puisse distinguer des apparences la vérité cachée. »
De là il se dirigea avec son cortège vers le lieu de la chasse, portant dans son cœur cette blessure.
Il provoqua sur la route chacun à parler, il voulait se distraire par leurs discours ; il s’était fait accompagner par un grand nombre de chanteurs et leurs contes lui faisaient paraître le chemin plus court.
Un jour les scribes, Zerwan et le Destour du roi cheminaient sur la route en conversant ; on parla longuement d’incantations et de sorcelleries, de magiciens et d’Ahriman le pernicieux.
Le roi dit au Mobed :
Ne t’inquiète pas de la sorcellerie, ne parle que de Dieu et de la foi et ne crois pas aux merveilles des sorciers et des magiciens. »
Zerwan répondit :
Puis-ses-tu vivre éternellement !
Puissent tes paroles rester la nourriture de la raison !
Tout ce qu’on dit des magiciens est réel, seulement ce n’est connu que des adeptes de la magie.
Quand un mets contient une parcelle de lait, ils peuvent, par un regard, le convertir de loin en poison. »
Nouschirwan, en entendant ces paroles, se rappela vivement un jour déjà ancien ; il se souvint de Mahboud et de ses deux fils et poussa un soupir.
Il regarda Zerwan, mais resta silencieux et fit partir subitement son destrier ardent.
I Son esprit était tout troublé de soupçons, car il savait que Zerwan avait été l’ennemi de Mahboud.
Il se dit :
Je ne sais ce que cet homme suspect a fait le jour où j’ai mis à mort Mahboud et où cette grande famille a péri.
J’espère que le Créateur rendra manifeste la vérité et qu’il donnera de la résignationà mon cœur et à mon cerveau ; car je soupçonne dans cette affaire un crime de cet homme et cet ancien événement me remplit de douleur. »
Il continua ainsi sa route, le cœur plein de soucis et de chagrin, les joues toutes froncées et les yeux baignés de larmes.
Le roi arriva ainsi a sa station et fit dresser l’enceinte de ses tentes sur le bord d’un ruisseau.
Lors-
Que Zerwan entra dans la tente, on fit sortir tous les étrangers et le roi lui reparla des magiciens, du miel et du lait ; Zerwan répondit :
C’est un sujet qui me charme. »
Le roi lui fit alors des questions sur Mahboud et sur la raison de la mort de ses fils ; il vit que Zerwan répondait tout en tremblant et que son crime était évident.
Kesra lui dit alors :
Raconte la chose selon la vérité, n’emploie pas des ruses et ne cherche pas des mensonges ; car le mensonge n’amène que de mauvaises actions et même un bon cœur se pervertit sous l’influence d’un ami méchant. »
Zerwan raconta l’affaire, selon la vérité, d’un bout à l’autre et dévoila le secret qu’il avait caché ; il rejeta toute la faute sur le Juif et se représenta lui-même comme rempli de douleur et d’angoisse.
Lorsque le puissant roi eut entendu ces paroles, il lui fit charger à l’instant les pieds de fers ; puis il envoya un cavalier qui devait emmener un cheval de rechange, rapidement comme la fumée, auprès du sorcier juif.
Quand le Juif fut arrivé à la cour sublime, le roi l’interrogea avec empressement et lui dit :
Raconte-moi comment cette affaire s’est passée et n’essaye pas de me faire des mensonges. »
Le Juif demanda grâce au maître du monde et promit de dévoiler tout le mystère de cette sorcellerie.
Il raconta tout ce que Zerwan lui avait dit et tout ce qui s’était passé en secret.
Le maître du monde l’éau coula et resta confondu.
Il fit appeler les nobles, les Mobeds et les chefs de l’armée et le roi, distributeur de la justice, fit devant les nobles une seconde fois un interrogatoire sur cette affaire, puis il ordonna au bourreau de dresser devant sa porte, eta la vue de toute l’escorte, deux gibets élevés, d’où pendaient des lacets roulés.
Le bourreau traîna Zerwan au pied de l’un des gibets et le Juif à l’autre et les y suspendit, usant de violence et ils périrent sous une pluie de pierres et de flèches pour avoir ensorcelé lenlait.
Il ne faut pas fouler la terre pour faire le mal, car le malheur atteint infailliblement leLe romi fit fairle dfealonigutees reucherch.es pour retrouver en vie quelques personnes de la famille de Mah-’ bond ; il trouva une fille au visage voilé et trois hommes nobles et illustres et leur offrit tous les trésors de Zerwan et tout ce qu’avait possédé le Juif.
Son âme brûlait au souvenir de Mahboud ; il pleura toute la nuit jusqu’au jour, demandant grâce à Dieu et inondant sa poitrine de larmes de sang ; il distribua de grandes aumônes aux pauvres et sa bouche ne cessait d’invoquer Dieu pour qu’il lui pardonnât sa faute et que le distributeur de la justice ne l’appelàt pas oppresseur.
Quand on est sincère adorateur de Dieu, on n’étend pas la main pour faire une mauvaise action ; si facile qu’il soit de faire le mal, à la fin l’âme en recueillera de l’épouvante ; si un
2& mauvais cœur était en pierre dure, ce qu’il renferme ne resterait pas caché et arriverait au jour ; si douce que soit ta voix, le tempsfinira par dévoiler ton secret et quoique le monde ne voie pas les mystères de ta vie, il vaut mieux faire le bien même en secret.
Si tu mènes une vie innocente et pure, tu en auras la récompense dans ce monde et dans l’autre.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021