Kesra Nouschirwan

Kesra marche contre le Roum et fait un emprunt chez les marchands

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Lorsque le Kaïsar apprit que le roi quittait l’Iran avec son armée, plein de colère, il marcha d’Ammourieh vers Haleb et le monde devint rempli de tumulte, de bruit et de clameurs ; trois cent mille cavaliers roumis entreprirent le siège d’Haleb.

Les cavaliers combattaient de tous côtés, il n’y avait pas un instant de trêve dans la lutte.

Les héros roumis, qui étaient savants en machines, élevèrent à chaque porte des catapultes et firent le siège de Sekila, car c’est de ce côté qu’ils voulaient envahir la Perse.

Haleb était comme une mer de sang et l’armée commandée par Bathroun fut réduite à demander grâce.

On tua des Roumis sans nombre avec des flèches et une multitude fut faite prisonnière dans le combat.

On en prit en deux semaines trente mille qu’on amena au roi ; alors les Roumis creusèrent devant leur camp un fossé, y firent entrer l’eau de grand matin et coupèrent ainsi le chemin au roi, qui, lui et son armée, restèrent confondus de cette lutte.

Ainsi se passa un long temps et l’armée commença à manquer d’or et d’argent.

Le roi fit venir les payeurs des troupes et leur parla longuement de cette guerre, disant :

Cette affaire est bien fatigante, car nous ne pouvons pas traverser l’eau et le fossé ;

MA l’armée a besoin d’argent et de matériel, de chevaux, de cuirasses et de casques roumis. »

Les payeurs, les scribes et le Destour du roi du monde se rendirent au trésor et trouvèrent que. considérant le nombre des troupes du roi, il fallait trois cent mille dinars de plus qu’il n’y en avait ; Le Grand Mobed courut chez le roi, rapidement comme la poussière et lui dit ce qu’il y arait d’argent au trésor.

Le visage du roi se rembrunit :

il fit venir Buzurdjmihr et lui dit :

Si mes caisses sont vides, à quoi me sert le titre de roi des rois ?

Va et appelle le chef des chameliers ; emmène des chameaux bactriens et prends dans le trésor du Mazenderan cent charges d’or ou encore davantage. »

Buzurdjmihr répondit :

Ô roi plein de justice, de raison et de bonté !

La route jusqu’au trésor dans l’Iran est longue et ta main est vide et ton armée ne peut pas agir ; mais ily a dans les villes autour de nous des gens qui ont des richesses dont le centième suffirait à l’armée et si tu veux emprunter de l’argent aux marchands et aux propriétaires de terres, ils ne le refuseront pas. »

Le roi consentit à ce que lui proposait le sage de l’Iran et Buzurdjmihr chercha un homme qu’il pourrait envoyer, intelligent, de bonne humeur cl de belle mine.

Il lui dit :

Pars d’ici à cheval, avec deux chevaux de rechange et choisis parmi les marchands et les Dihkans de la ville un homme de 5 bonne renommée, jeune et que tout le monde connaisse : demande-lui de prêter cette somme pour l’armée ; le roi la lui fera rendre avec l’argent qu’il s’empressera de faire venir de son trésor. »

Le messager, qui avait la parole douce et était jeune d’années et vieux de sagesse, partit ; c’était un agent d’un esprit subtil.

Il arriva à ta tombée de la nuit dans une ville et demanda à faire un emprunt pour, le roi.

Une foule de gens riches se rassemblèrent autour de lui ; parmi eux un cordonnier, marchand de bottines, ouvrit ses oreilles toutes grandes aux paroles du messager et lui demanda combien il fallait d’argent.

Le vaillant messager mentionna la somme, disant :

Ô homme riche et intelà ligentl il faut quarante fois cent mille dirhems. »

Le cordonnier dit :

Je les donnerai ; je veux gagner les bonnes grâces du trésorier. »

Il apporta des balances, des poids et l’argent et l’on n’eut pas besoin de bordereau et de reseau à écrire.

Le marchand ayant pesé l’argent, la besogne du messager était terminée ; alors le cordonnier dit :

Ô homme au beau visage !

Veux-tu prendre la peine de dire à Buzurdjmihr que j’ai dans le monde un fils dont l’avenir m’occupe beaucoup ; dis-lui donc que le roi du monde pourrait me rendre heureux dans l’âme, s’il voulait me permettre de le placer parmi les gens de loi, car il est riche et a l’intelligence qu’il faut pour calamlie messager répondit :

Je le .

ferai volontiers, car tu m’as épargné beaucoup de chemin avec ton trésor. »

Buzurdjmihr se présenta devant le roi, qui fut joyeux d’avoir obtenu l’argent et dit :

Grâces soient rendues à Dieu de ce que ma vertu et ma piété ont fait qu’il y ait dans mon pays un cordonnier tellement heureux et prospère qu’il ait pu mettre de côté tantd’argentl À Dieu ne plaise qu’il ait jamais à souffrir une injustice de moi !

Informe-toi de ce qu’il désire, car je voudrais qu’il conservât envers moi cette bonne volonté.

Quand tu lui rembourseras l’emprunt, donne-lui cent mille dirhems en souvenir de moi.

Puissent tous mes sujets être riches et puissants et avoir des trônes et des diadèmes !

Puisse-t-il ne jamais y avoir un roi injuste, puissent les rois être glorieux et heureux in Buzurdjmihr dit au maîtreedu monde :

Ô roi à l’étoile fortunée, au beau visage !

Le marchand de bottines a un désir, si le roi veut bien écouter mes paroles.

Le messager rapporte que cet homme lui a dit :

Puissela raison être la compagne du roi du monde !

J’ai un fils parvenu à l’âge d’homme, qui recherche un guide vers le savoir.

S’il plaisait au roi de faire de mon fils chéri un de ses scribes, je prierais Dieu pour la vie du roi ; puisse-t-il vivre éternellement, lui qui est digne du trône in Le roi répondit :

Ô homme de sens !

Comment le Div t’a-t-il troublé les yeux ?

Va, renvoie chez lui les

KESIt M7 chameaux.

A Dieu. ne plaise que je veuille de son argent et de son or.

Un fils de marchand, si habile, si savant, si attentif qu’il soit, deviendrait scribe !

Quand mon fils s’assiéra sur le trône, il lui faudra un scribe à la fortune victorieuse et si ce bottier avait du talent, le roi ne verrait que par ses yeux, en entendrait que par ses oreilles et il ne resterait aux gens intelligents de haute naissance que du chagrin et des soupirs ; les hommes qui connaissent le mieux le monde seraient traités avec mépris par ce fils de marchand et devraient le remerciers’il leur répondait sans les faire attendre !

On me maudirait après ma mort, si, de mon temps, une telle coutume s’introduisait.

Je ne veux pas payer la solde avec ce trésor ; ne demande pas d’argent à cet homme et ne parle pas de nos difficultés.

Fais à l’instant repartir les chameaüx, demande de l’argent, mais non pas aux cordonniers. »

Le messager repartit avec l’argent et le cœur du cordonnier en fut rempli de douleur.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021