Que va dire le glorieux poële sur le roi. les Heî-e talions et le Khakan de la Chine ?
Voici ce que rad conte un vieux et illustre Dihkan ; fais attention à tout ce que tu entends de lui.
Il dit qu’il n’y avait sur la surface de la terre, parmi les princes illustres, dispensateurs de la justice, glorieux par leurs armées, leurs trésors et leur naissance, aucun roi comparable au Khakan de la Chine, excepté Kesra.
Depuis la Chine jusqu’aux bords du Djihoun, tous bénissaient sa justice.
Étant à Gulzarrioun, del’autre côté de Djadj, avec une armée, un trésor et sa couronne, il trouva que l’on ne parlait parmi les grands. dans le monde entier, que de Kesra, de sa bravoure, de son savoir, de sa majesté, de sa naissance et de la dignité de ses manières impériales.
Depuis ce temps, l’intelligent Khakan recherchait l’amitié du roi ; il assembla ses conseillers et tous les hommes illustres se réunirent autour de lui.
Au moment de commencer cette liaison avec Nouschirwan, il demanda conseil aux nobles et aux Mobeds, ensuite il prépara des cadeaux sans nombre, tous des souvenirs dignes d’un roi, des chevaux chinois, des brocarts de Chine, des trônes, des couronnes, des épées et des sceaux ; il réunit des curiosités telles qu’on les a en Chine, assez pour en charger cent chameaux.
Il on donna à son trésorier d’apporter trente mille pièces Yl. 2A d’or chinoises pour une offrande au roi, de les joindre aux cadeaux et de charger de pièces d’argent dix chameaux.
Puis, il choisit parmi les grands un homme éloquent et intelligent, qui avait fait le tour du monde, appela un scribe et fit écrire au roi une lettre sur du satin, contenant cent mille bénédictions et belle comme une peinture d’Ardjeng le Chinois.
Le porteur de cette lettre devait passer parle pays des Heïtaliens, où toute la route était pleine de flèches et de massues ; une armée, qui s’étendait du Soghd jusqu’au Djihoun, avait formé ses rangs devant le roi des Heïtaliens ; le nom de ce prince était Ghatfer le vaillant, que ses combats avaient rendu illustre.
Lorsqu’il eut des nouvelles de ce que faisait le Khakan de la Chine et des présents qu’il envoyait au. roi du pays d’Iran, il appela les plus expérimentés de son armée et leur raconta l’affaire tout entière.
Il dit à ces hommes pleins de fierté :
Les étoiles nous menacent d’un malheur ; si le roi d’Iran et le Khakan de la Chine s’entendent et deviennent amis de cœur, cette amitié est un sujet de terreur pour nous et notre pays sera dévasté des deux côtés.
Il faut préparer une expédition et faire disparaître l’envoyé chinois. »
Il choisit un homme notable dans l’armée, qui portait haut la tête et était vaillant comme il le fallait, livra au pillage toutes ces richesses, les chameaux et les chevaux parés et fit trancher la tête à 2A7 l’envoyé.
Un seul cavalier. chinois parmi tous ces braves put s’échapper.
Lorsque le Khakan reçut cette nouvelle, son cœur fut rempli de douleur et sa tête du désir de la vengeance ; il fit partir son armée pour Kadjghar-Baschi et ne laissa pas un grand en Chine et dans le Khoten ; il ne laissa pas en repos et dans l’inaction un seul des descendants d’Ardjasp et d’Afrasiab ; tous partirent de Gulzarrioun, le cœur plein de colère, la tête remplie du désir de verser du sang.
Le chef de l’armée du Khakan était Fundj, il faisait voler jusqu’au ciel la poussière de l’eau et ses cavaliers assouvirent leur rage dans le Djadj, de façon à colorer de sang l’eau du Gulzarrioun.
Ghatfer apprit ce que le Khakan de la Chine avait entrepris ; il choisit parmi les Heïtaliens une armée telle que le soleil devenait invisible dans le monde ; il fit venir des armes, des troupes et des trésors d’argent de Balkh, de Scheknan, d’Amouï, de Zem, de Khatlan, de Termed et de Wisehguerd ; son armée faisait lever la poussière de tous les côtés ; ses troupes sortaient des montagnes et des plaines, des’sables et des terres nues, comme des fourmis et des sauterelles.
Lorsque le Khakan eut passé le fleuve de Terek, on aurait dit que le ciel faisait pleuvoir des épées ; il réunit ’ l’armée dans le Mai et le Margh et le soleil devint noir comme le plumage de l’aigle, tant il y avait de lances et d’épées bleues, tant brillaient des étendards.
De toutes couleurs.
Bokhara aussi était remplie de massues et de masses d’armes, car c’est là que se trouvait le camp du roi des Héîtaliens.
Ghatfer partit avec une armée semblable à une montagne ; il avait rassemblé toute la masse des Heïtaliens.
Les armées se battirent de tous les côtés, elles obstruaient le passage du veut ; un orage survint et des nuages sombres firent disparaître l’éclat du soleil et de la lune.
Les épées des chefs brillaient, les lourdes massues tournoyaient, on aurait dit que le fer avait une langue et que l’air était l’interprète des masses d’armes.
Les gens de Kasclian et de Soghdse rassemblèrent, hommes, femmes et enfants, les joues inondées de larmes, pour voir comment se déciderait la bataille et en faveur de qui .lourneraient le soleil et la lune.
Pendant sept jours ces armées ardentes pour la lutte restèrent en face l’une de l’aulre ; partout il y avait des monceaux de morts, le sang rougissait la terre et les pierres comme la [leur de .l’argliawan ; il y avait tant de coups de lances, de massues, de masses d’armes et d’épées, qu’on aurait dit qu’il pleuvait des pierres des nues ; la poussière cachait le soleil et remplissait l’œil de l’aigle dans son vol.
Le huitième jour, la poussière se tournait du côté de Ghatfer ; le monde devint noir comme la nuit sombre et les Heïtaliens subirent une défaite lelleque pendant des années ils ne purent encrevenir ; tous ceux qui survivaient in-2&9 voquaient le nom de Dieu. partout il y avait des blessés dispersés et le pays entier litait plein de morts et de captifs.
L’un disait à l’autre :
Jamais nous n’avons vu une bataille aussi opiniâtre.
Évidemment. cette armée n’est. pas composée d’hommes, on n’ose pas les regarder, leurs visages sont des faces de Divs et de bêtes fauves, leur cœur ne distingue pas le bien du mal ; on dirait qu’ils ne connaissent pas un chemin pour s’enfuir devant les épées, les lances, les massues et les glaives ; ils ont des visages de dragons et leurs flèches transpercent les monta. gnes ; leurs mains sont des griffes de léopards et jamais leur cœur n’est rassasié de combats et de batailles ; jamais ils n’ôtent les selles de leurs chevaux ; ils couchent sur la neige, sans prendre la peine de la jeter de côté ; leurs chevaux ne mangent que des ronces, les cavaliers ne dorment pas et sont toujours prêts ; toute la nuit ils ne font que chercher de la proie et piller ; jamais ils ne s’approchent du feu ; ils ne savent ce que c’est que de dormir et de manger ; et si les Divs ne les attaquent pas, nous ne pourrons pas résister au Khankan de la Chine et il nous faudra émigrer dans le pays d’Iran.
Si Ghatfer fait ce que nous demandons, il se préparera à se soumettre à Kesra ; il lui livrera le pays des I-leïtaliens et oubliera l’usage de la massue et de la masse d’armes.
Sinon nous
choisirons dans la famille de Khouschnewaz un homme vaillant, portant haut la tête et agréable à Nouschirwan, qui seul pourra rajeunir notre vieil empire et à qui il racontera ce qu’a fait le Khakan de la Chine.
Le monde entier bénit Kesra, car il est majestueux et puissant, généreux et sage et son intelligence favorise tout ce qui est droit.
Il a imposé au Kaïsar un tribut et des redevances et personne ne peut lui résister. »
Tous les Heïtaliens-, hommes, femmes et enfants, furent unanimement de cet avis.
Or il y avait un homme du pays de Tchegan, de haute naissance. jeune, ambitieux, généreux, juste et intelligent : son nom était Feghanisch ; il possédait un trésor et avait une armée à lui et les grands et les hommes de guerre du pays de Heïtal l’acclamèrent roi.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021