Newder

Second combat d'Afrasiab contre Newder

...

Les Iraniens formèrent leurs lignes comme il convient à des braves qui vont au combat ; les timbales et les trompettes retentissaient, tu aurais dit que la terre en tremblait.

Afrasiab voyant cette armée, s’avança de son côté et forma ses rangs.

Le monde fut tellement rempli de la poussière que faisaient lever les cavaliers, que tu aurais dit que le soleil s’était caché.

Des troupes se détachèrent des deux armées et nulle part on ne distingua plus les plaines des montagnes.

Les armées se jetèrent ainsi l’une sur l’autre et versèrent du sang comme une rivière qui coule.

De quelque côté que Karen se portât, il répandait le sang sur le champ de bataille ; et partout où le brave Afrasiab s’élançait, la terre se couvrait de sang comme d’un torrent d’eau.

À la fin Newder sortit du centre de l’armée et s’avança contre Afrasiab pour se venger de lui ; ils se lancèrent des javelots, ils levèrent leurs lances l’un contre l’autre ; jamais serpents ne s’étaient plus entrelacés, le monde ne se souvenait pas d’un pareil combat.

Ils continuèrent ainsi jusqu’à ce que vers la nuit, le bras du fils de Pescheng l’emporta.

Les Iraniens avaient un plus grand nombre de blessés et le combat ne continuait que du côté de leurs ennemis ; ils se retirèrent désespérés et errèrent dispersés dans la plaine.

Le cœur de Newder était navré de douleur, car le sort avait voulu que sa couronne fût couverte de poussière.

Lorsque le son des timbales eut cessé dans les champs, il fit appeler Thous.

Thous et Kustehem vinrent ensemble ; leur cœur était plein de deuil, leur bouche pleine de soupirs.

Le roi, leur dit :

Oh !

Quelle douleur déchire mon âme !

Tantôt il parlait, tantôt il pleurait ; le cœur plein de sang, la bouche pleine de soupirs, il leur rapporta les dernières paroles de son père, qui lui avait dit :

Une armée de la Chine et du pays des Turcs viendra dans le pays d’Iran.

Ton âme en sera affligée et ton armée essuiera mainte défaite.

Maintenant les paroles du roi commencent à s’accomplir et ce mauvais jour est arrivé pour les grands.

Qui a jamais lu dans le livre des héros que quelqu’un ait amené une telle armée du pays des Turcs ?

Il faut que vous alliez dans le pays de Fars, emmener les femmes du palais et vous retirer avec elles ; vous irez aux monts Zaweh, vous réunirez la masse de vos fidèles dans cette partie de l’Alborz.

Partez maintenant pour Reï et Isfahan et cachez votre départ à votre armée, car elle en serait découragée et cette nouvelle blessure empirerait celle dont elle est déjà atteinte.

J’espère qu’un ou deux rejetons de la race de Feridoun échapperont à cette armée innombrable.

Je ne sais si je vous reverrai ; cette nuit nous ferons un dernier effort.

Soyez actifs jour et nuit, occupez-vous avec prudence des affaires de ce monde.

Si l’on vous donne de mauvaises nouvelles de cette armée, si l’on vous dit que la gloire de l’empire est ternie, ne vous en attristez pas trop, car telle est la volonté du ciel sublime, que le sort jette l’un dans la poussière, pendant que l’autre jouit d’un diadème royal.

Que l’on soit tué ou que l’on meure, c’est la même chose ; on palpite un instant, puis on est tranquille.

Newder pressa ses deux fils contre son cœur et versa des larmes de sang.

Thous et Kustehem partirent et Newder resta livrant à la douleur son cœur affligé.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021