Minoutchehr

Minoutchehr apprend l'aventure de Zal et de Roudabeh

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Après cela le puissant roi eut nouvelle de Destan, de Mihrab et du vaillant Sam, de l’alliance avec Mihrab, de l’amour de Zal et des deux amants de race si noble et si inégale.

On convoqua de tous côtés les Mobeds devant le roi du monde qui portait haut la tête.

Il dit aux sages :

Cet événement nous amènera des jours terribles.

De même que ma sagesse et mes combats ont arraché l’Iran des griffes des lions et des tigres, de même Feridoun a délivré la terre de Zohak ; mais je crains qu’un rejeton de cette race ne recommence à pousser.

Il ne faut pas que par notre négligence l’amour de Zal élève jusqu’à sa hauteur cette branche abattue.

Si par l’union de la fille de Mihrab et du fils de Sam il sortait du fourreau une épée tranchante, cet enfant serait d’un côté issu d’une race étrangère à la nôtre et ressemblerait à un remède mêlé avec du poison ; et si le côté de sa mère devenait le plus fort, sa tête se remplirait de mauvais discours, il jetterait l’Iran dans les dissensions et dans les malheurs, espérant recouvrer la couronne et le trésor.

Maintenant quelle réponse me ferez-vous ?

Tâchez de me donner un conseil qui porte bonheur.

Tous les Mobeds invoquèrent la grâce de Dieu sur lui, en disant :

Ô roi à la foi pure, tu as plus de sagesse que nous et plus de pouvoir de faire ce qui convient.

Fais ce que la raison exige, elle commande même au cœur du dragon.

Le glorieux roi ayant entendu leur réponse, chercha un moyen de mener à bien cette affaire.

Il manda auprès de lui Newder avec ses nobles et ses grands et lui dit :

Va auprès de Sam le cavalier, demande-lui quelle a été sa fortune dans la guerre ; et quand tu seras satisfait là-dessus, dis-lui de se diriger de notre côté et de ne retourner dans son palais qu’après m’avoir vu.

Newder quitta son père et se dirigea sans délai vers le Pehlewan et Sam ayant reçu cette nouvelle alla au-devant du fils du Keïanide.

Tous ses braves l’accompagnèrent avec des éléphants de guerre et des tambours.

Bientôt les grands et le glorieux Newder arrivèrent auprès de Sam le cavalier et les nobles et puissants guerriers s’adressèrent mutuellement des questions ; Newder s’acquitta du message de son père et Sam se réjouit de le voir et lui répondit :

J’obéirai et la vue du roi sera une fête pour mon âme.

Ce jour là ils furent les hôtes de Sam, qui était joyeux de cette rencontre.

On dressa des tables, on saisit les coupes, on porta d’abord la santé de Minoutchehr, puis celle de Newder, de Sam et de tous les grands, ensuite ils parlèrent de l’état de toutes les provinces.

La nuit entière se passa dans la joie et lorsque le soleil brillant eut dissipé les ténèbres, le bruit des tambours s’éleva devant le portail, les dromadaires rapides élevèrent leurs têtes et les braves se mirent en marche vers la cour du roi Minoutchehr, conformément à ses ordres.

Aussitôt que le roi en eut nouvelle, il prépara la grande salle du palais impérial.

Un bruit s’éleva de Sari et d’Amol comme le bruit de la mer qui se soulève en fureur.

Alors les braves s’avancèrent, armés de javelots, de cuirasses et de lourdes lances, formant une armée qui allait d’une montagne à l’autre et serrant l’un contre l’autre leurs boucliers couverts de tissus jaunes et rouges, avec des timbales, des trompettes et des cymbales d’airain, avec des chevaux arabes et des éléphants portant les trésors.

Ainsi s’avançait toute l’armée du roi à la rencontre de Sam avec des étendards et des tambours.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021