Lohrasp

Au bout de neuf mois, Dogdo accoucha d'un fils, qui fut nommé Zoroastre.

Tout le monde fut surpris de le voir rire en naissant et l’on présagea delà quelque chose de grand.

Les artères de sa tête battaient si fort, qu'elles soulevaient la main qui appuyait dessus ; ce qui annonçait l’étendu des connaissances qu’il devait avoir ².

Parmi les femmes qui étaient dans l'appartement de Dogdo, il s'en trouva de Magiciennes, que ce prodige consterna.

Jamais elles n’avaient rien vu de semblable.

Le miracle se répandit bientôt et inquiéta fort les magiciens, qui étaient alors en grand nombre.

Ils crurent que cet événement les regardait et formèrent la résolution de faire périr Zoroastre.

Il y avait alors un Prince nommé Douranseroun, qui était le Chef des Magiciens et le Maître de ceux qui suivaient la mauvaise Loi.

Il savait que dès que Zoroastre paraîtrait, la pureté de sa Loi ferait disparaitre la force de la Magie.

On ne lui eut pas plutôt annoncé que l'enfant était né, qu'il bondit comme un taureau sur son Trône, monta à cheval et se rendit en diligence à la maison de Poroschasp.

Il trouve Zoroastre qui tétait : ses joues lui parurent semblables au Printemps dans sa primeur : la grandeur de Dieu sortait de son corps.

Informé de ce qui était arrivé à sa naissance, Douranseroun pâlit de colère, ordonna à ses gens de prendre l'enfant et saisit son sabre, pour le couper en deux : mais sa main sécha sur le champ par l’ordre du Conservateur des âmes.

Rouge de colère, il quitta l’oreiller de Zoroastre et les Magiciens s’enfuirent de ce lieu repliés sur eux-mêmes comme la couleuvre.