Lorsque le roi fut sur les bords de la mer de Zereh, les braves déboutonnèrent leurs cottes de mailles.
Le roi rassembla tous les marins de la Chine et du Mekran, il fit faire à terre tout ce que doivent faire les hommes quand ils veulent lancer des vaisseaux sur l’eau.
Il fit réunir des vivres pour une année, pour servir pendant le passage.
Le maître du monde, le roi à l’étoile heureuse, qui cherchait le chemin de Dieu, s’éloigna du bord de la mer, le .visage resplendissant ; il se mit à prier humblement et ’ à adorer le Créateur du monde.
Il demanda au Tout-Puissant de le conduire sain et sauf à l’autre rive, lui et son appareil de guerre, son armée, les grands de l’Iran et toute sa cour, disant :
Ô Créateur du monde, tu sais ce qui est connu et ce qui est secret, tu es le maître de la terre et de la mer, tu règnes sur la pluie et les pléiades, tu es le gardien de ma vie et de mon armée, de mon trône, de mes trésors et de ma couronnef»
La mer était si agitée que personne n’échappait au mal de cœur ; pendant six mois les vaisseaux naviguèrent et tout le monde était obligé d’y trouver un lieu de repos.
Le septième mois et après que la moitié de l’année fut écoulée, le vent du nord poussa le roi vers l’autre côte, les voiles se retournèrent, les vaisseaux allaient la poupe devant et sortirent de la route qu’il était raisonnable de suivre, se dirigeant vers un lien que les marins appelaient la Gueuledn-Lion ; mais Dieu fit de manière que les vents du ciel ne fussent pas contraires à l’étoile du roi.
L’armée resta confondue de ce qu’elle voyait dans cette eau et chacun le montrait à Khosrou avec le doigt.
On y voyait des lions et des taureaux et les tau-reaux se battaient avec les lions ; on y voyait des
Me ces nons. hommes dont les cheveux étaient comme des lacets et la peau couverte de laine comme celle des brebis ; les uns avaient un corps de poisson et une tête de léopard, les autres une tête d’onagre, sur un corps de crocodile ; d’autres avaient des têtes de buffle et deux mains par derrière et des pieds par devant ; d’autres encore avaient des têtes de sanglier sur des corps de mouton.
Toute la mer était remplie de ces créatures ; chacun les montrait aux autres et invoquait Dieu le distributeur de la justice ; et parla grâce du’Créateur du ciel, l’air se calma et la tempête cessa.
Ils traversèrent la mer en sept mois, sans que la tempête recommençât.
Quand Khosrou aborda la terre ferme, quand il vit les plaines et la terre habitable, il se présenta devant Dieu le Créateur et se prosterna à plusieurs reprises le visage sur le sol.
Il fit tirer de l’eau les vaisseaux et les barques : il avait hâte d’agir et c’était le moment pour se hâter.
Il avait devant lui un désert, des sables et des plaines ; mais il s’engagea dans les sables mouvants, le’corps dispos.
Il trouva des villes qui rappelaient la Chine, mais la langue des habitants ressemblait à celle du Mekran.
Il se reposa dans ces villes et demanda des vivres pour son armée ; il confia ce pays à Guiv, en disant :
La fortune t’a favorisé toujours.
Ne sois pas sévère, même envers les coupables, car ce pays et toute chose n’ont aucun prix à mes yeux ; je n’attache plus aucune valeur à Ml personne ; je ne veux plus que me tenir en prière devant Dieu. »
Ensuite, il choisit dans l’armée un guerrier illustre, qui comprenait toutes les langues et envoya par lui un message à tous les princes, disant :
Quiconque veut le repos et l’accomplissement de ses désirs, qu’il vienne avec confiance à ma cour, qu’il ait le cœur joyeux, la main ouverte, les intentions amicales ; mais quiconque désobéit à cet ordre portera la peine de sa mauvaise disposition. »
Pas un seul de ces princes ne désobéit ; ils arrivèrent à la cour comme des sujets et le roi les reçut avec bienveillance lorsqu’ils parurent et éleva leurs têtes jusqu’au soleil.
Ensuite, il demanda des nouvelles de Gangue Diz et d’Afrasiab et du trône du pouvoir et parmi la foule des princes, l’un d’eux prit la parole et lui dit à Tu ne rencontreras ni des rivières ni des montagnes, et, en comptant tout, les bons et les mauvais chemins, ’il n’y a jusqu’à Gangue que cent farsangs.
Du côté où le roi de Touran est allé, il ne se trouve plus beaucoup’ d’hommes injustes, mais lui-même est à Gangue avec ceux qu’il a amenés, depuis qu’il a passé la mer de Zereh. »
Le roi se réjouit de ces nouvelles et les fatigues qu’il voyait devant lui n’effrayaient pas son cœur.
On prépara des présents pour les princes, puis on demanda les chevaux de ces hommes pleins d’expérience ; le roi leurprdonna de s’en retourner et lui-même se mit en route vers Gangue avec son armée.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021