Keï Khosrou

Khosrou pardonne aux Iraniens

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Lorsque le soleil au visage d’or se leva au-dessus de la montagne et que la nuit sombre s’enfuit, on entendit un bruit sous la porte du palais, Rustem se présenta devant le roi et lui dit :

Ô roi glorieux, le trône, la couronne et le sceau sont fiers de toi.

Le roi est courroucé contre Thous et son armée, qu’il m’accorde leur grâce quelle que soit leur faute.

Lorsque Thous vit son fils et son gendre morts, la raison abandonna sa tête et son cœur.

Réfléchis d’abord que c’est un homme violent et dépourvu de prudence, ensuite que la vie d’un fils n’est pas une chose de peu de valeur.

Il ne faut pas s’étonner s’il fut en colère lorsqu’il vit tomber Rivniz et Zerasp le noble cavalier et le roi ne doit pas se venger de lui.

Réfléchis encore que l’armée était dans l’erreur en croyant que ton noble frère était auprès de toi.

Sache que personne ne meurt à moins que son temps ne soit venu ;

N’abandonne donc pas ton âme à ces regrets.

Que la vie s’envole d’elle-même ou qu’une main ennemie l’arrache, elle partirait quand même on ferait mille incantations.

Le roi lui répondit :

Ô Pehlewan, la mort de ce jeune homme m’a rempli de douleur ;

Mais je laisserai guérir mon âme par tes conseils, quoique mon cœur souffre cruellement.

Alors le Sipehdar Thous s’avança pour demander pardon et sa fière tête se courbait de peur.

Le roi pardonna à l’armée et les grands se retirèrent.

Lorsque le soleil commença à lancer ses dards de l’horizon, qu’il se hâta de monter plus haut, qu’il déchira sa robe de turquoises et qu’il montra son corps brillant comme un rubis, le Sipehbed Thous, accompagné de Guiv et des chefs de l’armée de l’Iran, parut devant le roi et l’adora en disant :

Puisses-tu vivre heureux jusqu’à la fin des temps !

Puisse la terre être la base de ton trône et de ta couronne et le firmament la source de ta gloire et de ta fortune !

Mon cœur est plein de soucis de ce que j’ai fait, il est brisé par la douleur et l’anxiété ;

Mon âme est remplie de honte devant le roi, ma langue ne prononce que des demandes de pardon, je suis plein de repentir et je brûle comme Aderguschasp en pensant à l’innocent Firoud et à Zerasp.

C’est moi seul qui ai fait le mal ;

Je tremble en réfléchissant à mes actions et ma vie ne vaut pas une obole au prix de celle de Bahram et de Rivniz.

Mais si le roi veut me faire grâce à moi et à cette glorieuse et innocente armée, je partirai, je vengerai notre honte, je relèverai notre tête humiliée.

Je réserverai pour moi toutes les fatigues de l’armée, indifférent à sauver ou à sacrifier ma vie.

Dorénavant je n’ambitionnerai plus le trône et le diadème et ma tête ne se couvrira que d’un casque de la Chine.

Le roi agréa ses paroles, son cœur reverdit comme la rose au printemps et il passa toute la nuit à tenir conseil avec Tehemten et les grands et les héros.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021