Lorsque le soleil brillant fit paraître son étendard et que le satin sombre de la nuit eut pris une teinte de safran, on entendit les tambours sous la porte du roi et le bruit de l’armée monta jusqu’aux nuages.
Pouladwend se mit à la tête des troupes ;
Il était fort de corps et un lacet pendait à son bras.
Les deux armées formèrent leurs rangs ;
L’air s’obscurcit, la terre devint noire.
Tehemten revêtit le Bebr-i-beyan, monta sur Raksch son furieux éléphant, poussa un cri, attaqua l’aile gauche des Turcs et leur tua beaucoup de braves.
Pouladwend en fut irrité ; il détacha du crochet de la selle son lacet roulé et fondit sur Thous comme un éléphant ivre, le lacet au bras et la massue dans la main.
Il le saisit par la ceinture, l’enleva sans peine de la selle et le jeta par terre.
Lorsque Guiv vit ce combat, lorsqu’il vit que Thous fils de Newder était renversé, il lança son cheval Schebdiz et se prépara, corps et âme, pour la lutte ;
Couvert d’une cotte de mailles et armé d’une massue, ce brave, semblable à un lion, attaqua le Div.
Pouladwend fit voler son lacet et pris la tête de Guiv dans le nœud.
Rehham et Bijen considèrent de loin la force, la stature et l’adresse de Pouladwend et accourent pour lui lier tous deux les mains avec leurs lacets.
Le prudent Poulad se hâta de lancer son cheval et de courir sur eux ;
Et bientôt il eut renversé par terre et foulé comme une chose vile, devant les yeux de tant de cavaliers qui couvraient la plaine, ces deux héros tant de fois victorieux, ces deux grands et nobles personnages qui portaient si haut la tête.
Il se précipita sur l’étendard de Kaweh et le coupa en deux avec son épée ;
Un cri d’horreur s’éleva du milieu de l’armée de l’Iran et aucun de ses braves ne voulut rester sur le champ de bataille.
Feribourz et Gouderz les vaillants héros voyant ce qu’avait fait ce Div plein de bravoure, dirent à Rustem qui était rempli du désir de la vengeance :
Pouladwend ne laisse pas un grand en selle ;
Il ne laisse pas un seul cavalier de cette armée debout sur le champ de bataille ;
Il les jette tous par terre avec sa massue, son épée, ses flèches et son lacet ;
Toute la plaine n’est qu’une scène de désolation et il n’y a que Rustem qui puisse nous sauver.
On entendit sortir du centre de l’armée et de l’aile gauche et de l’aile droite de nouveaux cris et des lamentations.
Le vieux Gouderz crut que Rehham, Bijen et le vaillant Guiv étaient morts, que Poulad avait tué ses trois enfants et il adressa des plaintes à Dieu le dispensateur de la justice, disant :
J’ai en tant de fils et de petits-fils que j’élevais ma tête au-dessus du soleil ;
Mais ils ont été tués dans les batailles devant mes yeux et mon étoile et ma fortune, jadis si brillantes, ont baissé.
Ils étaient jeunes et moi dans ma vieillesse je leur survis ;
Je suis honteux de porter le casque et la ceinture.
Hélas ces jeunes héros de ma famille !
Que ma fortune naguère si riante est devenue triste !
Il défit sa ceinture, ôta son casque et se mit à pousser des cris et des lamentations.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021