Keï Khosrou

Bijen va regarder Menijeh fille d'Afrasiab

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Ils se mirent ainsi en route, l’un n’ayant que des intentions droites, l’autre méditant une trahison.

Bijen le soutien de l’armée s’arrêta après une journée de marche entre deux forêts et pendant deux jours lui et son compagnon s’amusèrent à chasser au faucon et au guépard sur les prairies des Irmaniens.

Lorsque Gourguin sut que la jeune fille était arrivée et qu’elle avait paré toute la plaine comme l’œil du coq, il le conta à Bijen et lui parla des fêtes et de la musique qu’on y faisait.

Bijen lui répondit :

Je vais à l’instant me préparer pour m’y rendre.

J’irai, j’observerai de loin ces fêtes, je verrai comment les Touraniens les arrangent ;

Je regarderai d’abord les visages de ces femmes pour voir laquelle me plaît le plus ;

Ensuite-je secouerai les rênes de mon cheval, je reviendrai placer sur mon épaule ma lance brillante et nous serons mieux en état de former un plan raisonnable quand la vue de ces jeunes filles aura éclairé mon esprit.

Gourguin lui répondit :

Pars : puisses-tu être heureux !

Puisses-tu être toujours exempt de soucis !

Bijen se leva, les deux joues colorées comme des feuilles de rose, il s’apprêta pour le départ et dit à son trésorier :

Donne-moi le diadème que mon père porte dans les festins et dont l’éclat illumine toute la salle des banquets ;

Donne-le-moi, car je pars pour une fête ;

Donne-moi aussi le collier et les boucles d’oreilles que j’ai reçus de Keï Khosrou et les bracelets de Guiv incrustés de pierreries.

Il revêtit une tunique brillante de brocart de Roum et mit des plumes d’aigle dans son diadème ;

On sella son cheval Schebreng ; il se fit donner sa ceinture et son sceau de Pehlewan, monta à cheval, et, plein de confiance en lui-même, partit pour la forêt.

À mesure qu’il s’approchait et qu’il pénétrait dans le bois, son cœur se sentait opprimé par l’excès de ses désirs ;

Il se plaça sous un grand cyprès pour ne pas souffrir du soleil ; il y abrita de même son cheval et se mit à regarder furtivement les femmes turques.

Il vit des idoles belles comme les poupées de Kandahar et parées comme le gai printemps ;

Toute la plaine était remplie du son des instruments à cordes et de chants et la beauté du monde ravissait les âmes.

Lorsque Menijeh au beau visage regarda au loin de sa tente, elle aperçut Bijen l’asile de l’armée, à la stature de cyprès, aux joues belles comme l’étoile Canope du Yemen et pareilles à deux feuilles de lis qui seraient encadrées de noir ;

Sur sa tête était le diadème d’un Pehlewan du monde et sa poitrine était couverte de brillant brocart de Roum.

La jeune fille voilée bouillonnait d’amour, dans sa tente, pour ce visage de soleil ; elle lui envoya un message par sa nourrice, à qui elle dit :

Rends-toi sous les branches de ce grand cyprès ;

Vois quel est ce visage de lune, si c’est Siawusch ressuscité ou un Péri ; dis-lui  :

Comment es-tu arrivé là ? Qui t’a amené dans ce lieu ?

Es-tu un fils de Péri ou Siawusch, toi qui remplis d’amour tous les cœurs ?

Est-ce que la résurrection va venir, puisque tu as allumé ce feu des passions ?

Depuis longtemps je célèbre tous les ans, sur ces prairies, la fête du printemps, mais je n’ai jamais vu d’étranger dans ce lieu de délices et tu es le premier que j’aperçois, ô visage de lune.

Dis-moi si tu es un homme ou un Péri ; viens prendre part à notre fête.

Je n’ai jamais vu d’être aussi beau que toi ;

Dis-moi maintenant ton nom et qui tu es.

À ces paroles la nourrice de la jeune fille partit et se mit à marcher d’un pas rapide ;

Elle s’approcha de Bijen, le bénit, le salua et lui répéta le message de Menijeh et les deux joues de Bijen devinrent comme une rose qui s’épanouit.

Bijen, dont tous les vœux s’accomplissaient, lui répondit :

Ô messagère aux douces paroles, je ne suis ni Siawusch ni le fils d’un Péri ;

Je suis né dans l’Iran, dans le pays des hommes libres ;

je suis Bijen fils de Guiv et je suis venu de l’Iran, dans mon ardeur pour les combats, pour détruire les sangliers ;

J’ai coupé leurs têtes et les ai jetées sur la route, ne voulant apporter au roi que leurs défenses.

Ayant ouï parler de vos fêtes, je ne me suis pas pressé de retourner auprès de Guiv fils de Gouderz ;

J’ai pris soudain le chemin de cette forêt ;

J’ai fait la routedans l’espoir que la fortune propice me permettrait de voir en songe le visage de la fille d’Afrasiab.

Si tu veux m’aider en cela, je te donnerai cette robe digne d’une reine et une coupe incrustée de pierres fines dans laquelle je mettrai des boucles d’oreilles de pierreries.

Je vois cette plaine parée et remplie de joyaux comme un temple chinois : eh bien !

Si tu veux m’être favorable, je te donnerai une couronne d’or, des boucles d’oreilles et une ceinture ;

Et tu me mèneras auprès de cette fille au beau visage et tu rempliras son cœur d’amour pour moi.

La nourrice s’en retourna avec cette réponse ; et en parlant à l’oreille de Menijeh, elle lui fit secrètement la description de la mine et de la taille de Bijen et des perfections que Dieu lui avait données en le créant.

Menijeh envoya sur-le-champ dire à Bijen :

Tes vœux sont exaucés ; viens auprès de moi ;

Illumine par ton éclat mon âme assombrie.

Mes yeux brilleront en te voyant et je planterai un jardin de roses dans cette plaine couverte de tentes.

La messagère partit pour l’amener et la réponse de Menijeh fit du cœur et de l’oreille de Bijen un palais.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021