Keï Khosrou

Afrasiab apprend la mort de Piran et les préparatifs de guerre de Keï Khosrou

Cette page peut présenter des erreurs qui seront bientôt corrigées. Merci pour votre compréhension.
...

Le roi du Touran était assis en repos de l’autre côté de Djadj, sur son trône d’ivoire ; il était assis sur les bords du Gulzarrioun avec quelques amis, l6 tous des grands et des héros.

Il avait réuni deux tiers de ses mille fois mille guerriers, une armée pourvue de tout l’appareil de guerre, dévorant tout sur la frontière du pays de Kerouschan, feuilles des arbres, semences et moissons, fruits et bourgeons ; la mort convoitait le monde entier.

Le roi des Turcs se tenait à Beîkend, entouré d’un grand nombre de pas rents et d’alliés ; tous les grands de Matchin et de la Chine campaient sur la frontière du pays de Keschan.

Le monde était rempli de tentes grandes et petites ; il ne restait plus d’espace libre sur la terre.

Afrasiab le sage, l’ambitieux, résidait à Kunduz, jouissant de la vie et du repos ; il avait fait sa demeure de cette frontière, parce que Feridoun avait fondé Kunduz et y avait bâti un temple de feu, sur les mur : duquel on avait incrusté en lettres d’or tout le Zendavesta.

Ce nom de Kunduz est pehlewi, comme ardais savoir, si tu connais cette langue ; maintenant on a changé ce nom en Beïkend, car notre temps est rempli d’impostures et de fraudes.

Afrasiab, qui était descendant de Feridoun, ne se pressait pas de quitter Kunduz.

Lui et ses amis s’établirent dans la plaine et toute son armée défila devant lui.

Son camp était entouré d’une enceinte en brocart de Chine et contenait un grand nombre d’esclaves.

Dans cette enceinte se trouvaient des tentes en peau de léopard, selon la coutume introduite par Pescheng, roi des Turcs.

Dans la tente était placé un trône incrusté d’or et à un" n de pierres précieuses et le roi de Touran s’y asseyait, une massue dans la main et un diadème sur la tète.

Devant la porte de l’enceinte était planté un grand nombre de drapeaux des braves ; car quiconque occupait un poste d’honneur auprès du roi, comme son frère, quelquesuns de ses vaillants fils et les plus distingués des grands, étrangers à sa famille, plaçait sa tente près de cette porte.

Son dessein était de partir pour soutenir son armée et de rejoindre Piran sur le champ de bataille.

Mais un matin accourut, rapide Comme la poussière, un Cavalier qui lui rendit compte du sort de Piran et tous les blessés revinrent l’un après l’autre en pleurant et la tête couverte de poussière.

Chacun raconta ce qui lui était arrivé et le mal que les Iraniens avaient fait ; ils parlèrent de Piran, de Lehhak, de Ferschidwerd et de tous les grands, qui s’étaient montrés au jour du combat ; ils racontèrent les malheurs qui étaient arrivés sur ce champ de bataille pendant le combat et pendant la retraite et comment, le jour où Keï Khosrou avait paru couvrant le pays de ses troupes d’une montagne à l’autre, toute l’armée était à sa merci, comme un troupeau effrayé qui avait perdu son pâtre.

Afrasiab entendit ce récit et sa tête se troubla, ses yeux se voilèrent et son cœur s’assombrit ; il descendit de Son trône d’ivoire en poussant des cris ; il jeta sa couronne aux pieds des grands ; on entendit les lamentations de son armée et les joues des héros pâlirent de deuil ; on fit sortir de la tente du roi les étrangers et les membres de sa famille se réunirent en conseil.

Afrasiab pleurait de douleur ; il arrachait ses cheveux et versait des larmes en s’écriant avec amertume :

Ô mon fils Rouïn, qui portais si haut la tête ; ô Lehbak, qui ambitionnais la possession du monde ; ô Ferschidwerd, ô cavaliers et lions au jour du combat ! »

Cette bataille ne lui laissait plus ni frères, ni fils, ni grands, ni chefs d’ar- I mées.

Il se lamenta et prit enfin une nouvelle résolution ; la douleur et le regret qu’il éprouvait de la perte de son armée devenant plus, poignants, il prononça, dans sa détresse et l’amertume de son cœur, ce serment solennel : le jure par Dieu que je ne me soucie plus de mon trône et que je ne couvri-I n rai plus ma tête du diadème ; une cuirasse sera ma tunique, un cheval mon trône, un casque mon diadème ; une lance sera l’arbre son ; lequel je me reposerai.

Je ne veux plus jouir des délices de la vie, ni vivre comme un homme qui porte la couronne, a avant d’avoir vengé sur Keï Khosrou, issu d’une race maudite, le sang de mes grands, de mes cavaliers qui frappaient de l’épée.

Puisse la famille de Siawusch disparaître du monde !

N Il poussait encore ces cris, lorsqu’il reçut des nouvelles de Keï Khosrou et apprit qu’une armée était arrivée sur le Djihoun, que le pays entier était couvert de troupes.

Dans sa douleur et son désespoir, il

Sui il) réunit son armée et parla longuement de Piran, du sang de son frère Ferschidwerd, de Bouïn et de tout de braves, lions au jour du combat. »

Voici le moment, dit-il, de nous venger, de verser du sang et d’attaquer Guiv et Rustem.

Je me donne tout entier à mon amour pour les "dem et à la vengeance que je veux tirer de l’Iran et de son roi. »

Les grands du Touran répondirent à Afrasiab, les yeux remplis de larmes :

Nous sommes tous les esclaves du roi, nous baissons la tête devant ses ordres et ses desseins.

Jamais mère n’a mis au monde des fils tels que Piran, Rouïn et le noble Ferschidwerd.

Nous voici maintenant devant le roi, nous tous, grands et petits et quand nous verrions les montagnes et les vallées converties en une mer de sang, nos guerrier : renversés et étendus sur le sol, aucun de nous ce ne quitterait le champ de bataille.

Puisse le maître de la lune nous être favorable ! »

Le cœur du roi des Turcs rajeunit à ces paroles ; il sourit et prit de nouvelles mesures ; il ouvrit la porte de son trésor et distribua la solde ; son cœur était gonflé du désir de la vengeance et sa tête était remplie de vent.

Il abandonna à son armée tous les troupeaux de chevaux qu’il possédait dans le désert et dans la montagne ; il choisit cent mille cavaliers armés d’épées et propres à la guerre et les envoya à Balk-Bami, munis de ses instructions et de ses ordres ; car Gustehem fils de Newder se trouvait là avec des cavaliers intelligents et prêts à lui moutrer le chemin.

Ensuite, il choisit trente mille cavaliers dignes de livrer bataille et leur ordonna de longer le Djihoun et d’explorer sur des barques le haut de la rivière pour qu’on ne pût, pendant la nuit, faire subitement une attaque avec des bateaux.

Il envoya partout des troupes et mit en œuvre des ruses de toute espèce.

Mais la volonté de Dieu le tout pur était que le roi injuste pérît. -- Pendant la nuit noire il s’assit avec les sages, avec les mobeds expérimentés et de bon conseil, qui lui tinrent beaucoup de discours et disposèrent tout selon leur fantaisie ; tous étaient d’avis que le roi devait passer de l’autre côté du Djihoun.

Il chercha à se prémunir contre le mal que ses ennemis pourraient lui faire et divisa son armée en deux parties ; il ordonna à Karakhan, son fils aîné, de paraître devant lui ; on aurait dit que c’était Afrasiab lui-même, tant il lui ressemblait par la stature, par l’aspect, par l’intelligence et la prudence.

Il lui confia la moitié de son armée, composée d’hommes expérimentés, renommés et vaillants ; il lui ordonna de se rendre à Bokhara, de former derrière son père un rempart comme un rocher, d’envoyer incessamment aux camps des armes et des troupes et de faire transporter des vivres à dos de chameau.

Afrasiab fit sortir son armée de Beïkend et l’amena en toute hâte au Djihoun ; il couvrit les bords du fleuve de ses troupes, réunit mille barques et canots et les fit passer et repasser pendant une semaine.

Les plaines et les montagnes n’étaient qu’une masse d’hommes armés et la multitude des éléphants et des lions de Zem remplissait de leur bruit les gués du Djihoùn ; l’eau disparaissait sous les barques, l’armée couvrait le désert d’Amouï.

Afrasiab suivit son armée et passa la rivière, tout occupé de plans pour le combat ; il envoya de tous. côtés des dromadaires de course, chacun monté par un homme prudent et intelligent.

Regardez, leur dit-il, à droite et à gauche et examinez où il se trouve un espace suffisant pour une si vaste armée. »

Lorsque ces braves revinrent de leurs courses, un d’eux dit au roi qui portait haut la tête :

Une telle armée, pour faire la guerre, a besoin de fourrages, de matériel de toute sorte et d’un lieu ou elle puisse, y camper.

Or il se trouve sur le bord de la mer de Ghilan une route, des prairies pour les chevaux et de la place pour le campement et le prévoyant Karakhan y amènera des vivres, parteau, de notre côté du Djihoun.

Entre les deux armées se trouveront des sables et un large désert, ou l’on dressera les tentes et leurs enceintes, qui tiendront lieu de maisons. »

Le cœur d’Afrasiab rajeunit à cette nouvelle et il grandit sur son trône impérial ; il avait beaucoup d’expérience et ne se réglait pas sur les paroles d’un maître.

Il disposa le centre de l’armée et les ailes du contre, il envoya des détachements pour observer l’ennemi, fixa un endroit pour la réserve et les bagages et assigna leur place aux deux ailes.

Il fit des dispositions dignes d’un roi pour l’ordre de bataille, plaça au centre cent mille hommes armés d’épées,’ en se réservant ce poste, car il était lui-même le chef et l’ordonnateur de l’armée ; il mit à sa gauche Pescheng, qui était fort comme un léopard vail-7 lant, qui n’avait son égal ni parmi les grands de l’armée ni parmi les cavaliers du monde entier, qui lançait son cheval, saisissait la queue du léopard et l’arrachait par la force de son bras, qui portait une lance de fer et en perçait les montagnes dans le combat.

Son nom était Pescheng, mais son père l’appelait Schideh de brillant), parce qu’il ressem- . blaiIt au soleil brillant.

Le roi lui donna cent mille braves portant haut la tête et prêts pour le combat.

Schideh avait un frère plus jeune que lui, mais son glorieux égal en bravoure ; ce héros portait le nom de Djehn et son pied errant avait foulé le monde entier.

Son père le prenait pour conseiller, car il n’y avait pas d’esprit plus sage dans toute la cour.

Afrasiab lui donna trente mille Chinois, cavaliers dignes de livrer combat et lui confia l’aile ’ gauche, en disant :

Puisse ta bonne étoile ne jamais te quitter la Son quatrième fils s’appelait Afrasiab ; il se présenta en armes devant son père, qui lui

donna trente mille Turcs de Tchiguil, cavaliers portant haut la tête et armés de lances et lui ordonna de garder les derrières de l’année de Pescheng et de ne pas fléchir quand même il pleuvrait des pierres.

Ensuite, il confia un corps de troupes à Kehila et un autre au fils d’lla, petit-fils du roi Afrasiab ; qui au-rait arraché de la chair du dos des lions pour la faire rôtir ; c’étaient deux braves, leur cavaliers du Touran, dont les cœurs étaient comme des rochers.

Pour former l’aile droite, il choisit une armée devant laquelle le soleil disparaissait du monde, les hommes de Thoraz, les ,Gouzz et les cavaliers de Khallukh, en tout trente mille hommes propres au combat, auxquels il donna pour chef son cinquième fils, héros illustre et avide de batailles ; son nom était Gurdguir ; il perçait les montagnes de son épée et de ses flèches.

Démour fils de Khirindjas l’accompagna pour voler au secours du vaillant Djehn.

Ensuite partirent trente mille braves, ardents pour le combat, armés de poignards brillants.

Nestouh, le guerrier plein d’expérience, les commandait sous les ordres du valeureux Pescheng.

Après eux s’avancè- rent trente mille héros, des Turcomans armés de massues, d’épées et d’arcs, sous la conduite du Sipehbed Aghrirès qui brûlait de combattre et qui, assis sur son cheval, ressemblaità une montagne.

Ensuite le roi choisit. parmi les guerriers illustres quarante mille hommes armés d’épées ; le Sipehdar de cette 3.

: . troupe était Guersiwez au corps d’éléphant, à l’âme ambitieuse.

Le roi qui portait haut la tête, le chef des grands, le soutien de l’armée, lui donna le commandement des éléphants.

Puis, il choisit dix mille braves qui n’étaient jamais las de combattre et leur ordonna de se couvrir les lèvres d’écume au milieu des deux armées, de lancer isolés leurs chevaux sur l’ennemi et de jeter la terreur parmi les Iraniens. -I étant tombée, on attacha les éléphants sur la route et le roi qui faisait la gloire du mande ordonna que l’armée se dirigeât vers le midi.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021