Plus tard la puissance du roi augmenta encore et ce qui avait été la lune devint le soleil.
Il passait toutes ses journées auprès de la fille du Kaïsar ct C’est elle qui régnait dans la chambrent coucher.
Cette faveur de Mariam affligeait Schirin et ses joues étaient toujours pâles de jalousie ; à la fin elle lui donna du poison et cette belle fille du Kaiser mourut ; mais personne ne connut le crime, car Schirin garda ce secret pour elle seule et Khosrou lui donna, un anlaprès la mort de Mariam, la chambre à coucher dorée.
Lorsque Schirouï eut deux fois huit ans, il était plus grand qu’un homme de trente ; son père fit Venir des maîtres pour que le prince devint un
Homme de mérite, et, par ordre du roi, un Mobed le surveillait attentivement jour et nuit.
Or, un jour le Mobed, en quittant le roi, se rendit chez le prince fortuné, et, en arrivant auprès de Schirouï, il le trouva, comme toujours, ne cherchant qu’à jouer.
Il vit que le jeune homme avait devant lui un livre qui contenait Calila et Dimna, mais ce farouche jeune homme tenait dans la main gauche la griffe coupée et séchée d’un loup et dans la main droite la corne d’un buffle et les frappait l’une contre l’autre.
Le Mobed fut affligé de ce qu’il le voyait faire, de ce jeu et de cette occupation frivole ; la griffe de loup, la corne de buffle et les manières de ce farouche jeune homme lui paraissaient de mau-vais augure.
Il devint très-soucieux du sort que le monde devait attendre de cet enfant au mauvais caractère et à la fortune désastreuse ; car il avait vu l’horoscope tiré à sa naissance et avait questionné lit-dessus le Destour et le trésorier.
Il alla chez le Grand Mobed et lui dit :
Ce prince ne pense qu’à jouer. »
Le Grand Mobed se rendit en toute hâte auprès du roi, qui se mit à réfléchir sur cette affaire ; ses joues pâlirent à cause de son fils, il devint plein de soucis du sort qui menaçait le monde, les paroles de l’astrologue remplirent son âme d’inquiétude et firent trembler son cœur, il dit :
Nous verrons de quelle façon le Créateur du ciel regardera tout ceci. »
Lorsque la vingt-troisième année du règne de Khosrou fut passée, les membres de Schirouï s’étaient développés et le Grand roi en devint inquiet, car l’enfant était vaillant et devenait ingouvernable.
L’âme souriante du roi se remplit de sou-cis ; il enferma dans son palais Schirouï et son frère de lait, qui était tombé dans la disgrâce du roi à cause de Schirouï ; il enferma encore tous ceux qui étaient liés avec son fils et qui s’adressaient au prince pour prendre ses conseils.
En les comptant, on trouva qu’ils étaient plus de trois mille, les uns de grande les autres de petite naissance.
L’intendant du roi fit ouvrir des communications entre tous les bâtiments qui les renfermaient, pourvoir ces palais de tapis et de vêtements, de vivres et de moyens de faire des présents ; il y fit venir des serviteurs et des esclaves et y envoya du vin et des musiciens.
Tout le palais était abondamment pourvu d’argent et ils y passèrent leur temps dans la joie et les festins, sous la garde de quarante hommes.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021