Le huitième jour, le roi au visage de soleil ordonna l’armée comme le ciel qui tourne ; le son des
Timbales monta en l’air du haut du portail, la terre devint d’ébène par la poussière soulevée par les troupes.
Il forma une armée choisie parmi les Perses et se mit sen route pour Ader Abadghan.
Pendant deux mois les troupes avancèrent sous le commandement du roi et arrivèrent successivement au camp.
Le roi dressa l’enceinte de ses tentes dans.la plaine de Douk ; il avait une grande armée et un chemin frayé ; il remit à Neïathous l’armée entière et lui dit :
Tu es le maître de ce troupeau. »
Il partit de là, lui et ses vaillants cavaliers rendirent la bride aux destriers ardents, prenant le chemin de Khendjest, courant gaiement et dévorant la route.
Or dans le lieu où demeurait Mausil, l’Arménien, qui se tenait indépendant de tous les princes, se trouvait, dans son camp et sous sa protection, Bendouî, l’oncle maternel de Khosrou.
Lorsqu’ils apprirent que le roi s’était remis en marche, ils accoururent du désert vers son chemin ; ces deux hommes se détachèrent de leur escorte et Khosrou, qui était en route au milieu de son escorte, les aperçut.
Il dit à Gustehem :
Quels sont ces deux hommes vaillants qui courent ainsi sur ce champ de bataille ?
Va vers eux, observe qui ils sont et pourquoi ils se hâtent de cette façon. »
Gustehem répondit :
Ô roi, je crois que ce cavalier sur le cheval blanc est mon frère, le preux Bendouî ; mais son compagnon est d’une autre armée. »
Khosrou dit à Gustehen, le ll3 lion :
Comment cela pourrait-il être, ô vaillant cavalier ? .Si tu crois que Bendouî est en vie, il doit être en prison ; s’il est mort, il est suspendu au gibet sur le Meïdan. »
Gustehem réplipliqua : 0 roi, regarde bien de ce côté, car c’est ton oncle.
Quand cet homme sera près de nous, si ce n’est pas lui, ne laisse pas la vie à ce bavard de Gustehem. »
Dans ce moment arrivèrent les deux hommes du côté du roi et descendirent dans ce lieu ombragé ; ils s’approchèrent de Khosrou, le bénirent et le saluèrent.
Khosrou adressa à Bendouî les questions d’usage et lui dit :
Je disais toujours que je ne te trouverais que sous terre. »
Bendouî lui raconta ce qui lui était arrivé, l’humanité avec laquelle Bahram l’avait traité ; il lui raconta laruse dont il s’était servi et comment il avait revêtu la robe royale.
Il parla longuement et Khosrou pleura beaucoup, puis il lui dit :
Quel est cet homme ?
Bendouî répondit :
Ô roi au visage de soleil, pourquoi n’adresses-tu pas quelques questions gracieuses à Mausil ?
Depuis que tu as quitté l’Iran pour aller à Roum, il n’a jamais couché dans un pays cultivé.
La tente et le désert sont sa demeure, ’et son palais est de feutre et de toile, mais il a beaucoup de troupes autour de lui, des armes comme un grand prince et un trésor d’argent.
Il s’est tenu sur cette route jusqu’à ce que tu sois rentré dans l’Iran, car son grand désir était de le voir revenir. »
’
Tu Khosrou, le maître du monde, dit à Mausil :
Comment la peine que tu t’es donnée pourrait-elle, rester inaperçue ?
Je travaillerai à rendre heureux tes’jours et ton nom grand parmi les plus grands. »
Mausil lui répondit :
Ô roi, donne-moi pour une fois un moment de bonheur, laisse-moi’approcher et baiser ton étrier et rendre hommage à ta grandeur et à la grâce. »
Khosrou répondit :
En récompense de tes fatigues, j’augmenterai dorénavant et rendrai brillants tes trésors ; je t’accorde l’objet de ta demande et j’élèverai ton nom art-dessus du nom des plus orgueilleux. »
Il tira un de ses pieds de l’étrier et cet homme intelligent, au cœur impatient, baisa le pied et l’étrier du roi et devint tout confus dans sa terreur de Khosrou.
Le roi, voyant tout défait cet homme qui lui était si dévoué, lui ordonna de remonter à cheval.
Lui-même lança son destrier pour sortir de ce désert stérile et courut jusqu’au temple d’Aderguschasp.
Il entra dans le temple du feu en priant silen-cieusement, le cœur entièrement navré de douleur ; le Hirbed vint au-devant du roi du monde, adorateur de Dieu, le Zend et l’Avesta en main.
Le roi défit la ceinture d’or qui serrait sa taille et jeta quelques pierreries sur le feu sacré, puis il dit ses prières devant Aderguschasp, suppliant plus haut que le Hirbed et disant :
Ô maître de la justice ! ô
toi le tout par, abaisse la tête de mes ennemis il!) dans la poussière !
Tu sais que je soupire après la justice, que mes pensées ne sont dirigées que vers la route du bien.
N’approuve pas les injustices de l’homme injuste. »
Il dit, reprit sa ceinture d’or,.se tourna vers le désert de Douk et partit le cœur navré et cherchant la vraie route et lorsqu’il fut de retour dans son camp, le monde était plongé dans les ténèbres de la longue nuit.
Il envoya des émissaires prudents pour ramener le monde vers lui et lorsque l’armée du Nimrouz apprit que le roi qui faisait briller le monde était en route, on attacha toutes les timbales sur le dos des éléphants et le monde se mit en émoi comme les flots du Nil.
Cette nouvelle avait rajeuni tout le peuple et il accourut vers Khosrou pour le soutenir.
Dernière mise à jour : 28 déc. 2021