Lorsque la face de la lune fut devenue brillante comme le soleil, l’éloquent Bendouî monta sur la terrasse et dit à Bahram :
Ô toi qui connais le monde !
Lorsque la poussière de votre armée s’est élevée dans la plaine et que Khosrou vous a vus, il est parti en toute hâte vers le Roum avec son escorte et aujourd’hui, si tu volais comme l’aigle, si tu levais la tête plus haut que le soleil, tu ne verrais le roi que dans le Roum, car il y a long. temps qu’il a atteint ce pays.
Maintenant, si vous m’accordez la vie sauve, je me rendrai auprès du vaillant Pehlewan et lui dirai tout ce qu’il voudra savoir de cette cour, les petites choses et les grandes, sinon je revêtirai mon armure de guerre et ferai voler jusqu’au soleil la poussière du combat. »
À ces paroles, le cœur du jeune Sipehbed devint vieux de chagrin.
Il dit à ses amis :
Quel avantage y aurait-il maintenant si je tuais Bendouî ?
Il vaut mieux que je l’amène sain et sauf au Pehlewan, pour qu’il lui dise ce qu’il sait du roi et que le Pehlewan lui fasse grâce de la vie ou lui arrache sa tiare. »
Il dit à Bendouî :
Ô mauvais homme, plein de ruses, plaide cette cause devant Bahram. »
Bendouî, le lion, descendit de la terrasse et se mit en marche courageusement avec les grands.
Lorsque Bahram apprit que l’armée était arrivéeet que Khosrou était parti pour le Roum, méditant vengeance, il se mit en colère contre le fils de Siawusch et lui dit :
Ô méchant homme, à la fortune mauvaise !
Tu n’as pas fait ce que je t’avais ordonné. j’avais follement loué un homme sans mérite. »
Il fit appeler Bendouî et déversa sur lui toute la colère qu’il éprouvait contre Bahram et lui dit :
Ô mau-
vais homme, ô malfaiteur, fourbe, propre seulement à faire naître des querelles !
Tu as dupé mon armée dans ta folie, ta mauvaise nature ne t’a pas permis de rester tranquille.
Tu t’es uni à ce vil Khosrou, tu as fait de cet enfant un homme d’expérience et maintenant tu viens avec un esprit plein de paroles mensongères, annonçant que tu feras revivre l’ancien état des choses. »
Bendouî dit :
Ô homme qui portes haut la tête !
Ne cherche en moi que de la droiture et n’agis pas précipitamment.
Sache que ce roi des rois est mon parent, que sa grandeur et sa noblesse sont tout pour moi. le lui ai dévoué ma vie, comme c’est mon devoir, et, puissant comme tu es, ne te laisse pas aller à l’iniquité. »
Bahram répondit :
Je ne veux pas te mettre à mort pour ce crime, mais c’est lui qui te tuera bientôt et tu reconnaîtras que j’ai dit vrai. »
On chargea de chaînes les pieds de Bendouî et Bahram le remit au [ils de Siawusch pourle préserver de tout danger.
Bahram resta ainsi jusqu’à ce que
Le soleil fût caché, puis alla se coucher rempli de soucis.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021