Un jeune guerrier, Faramourz, fils de Rustem, commandait l’avant-garde ; il s’avança jusqu’à la frontière du Touran, où une vedette de l’ennemi le vit sur la route.
Or il y avait alors un roi de Sipendjab dont le nom était Warazad et qui brillait au milieu des héros comme une perle d’une belle eau.
Lorsque le n.
Son des trompettes, des clairons et des clochettes indiennes eut frappé son oreille, il fit battre les timbales, mit en marche son armée et la conduisit de la plaine sur le champ de bataille qui allait devenir une mer de sang.
Il avait avec lui trente mille hommes armés d’épées, tous cavaliers illustres et avides de combats.
Warazad sortit du centre de l’armée, s’avança rapidement vers Faramourz et lui dit :
Qui es-tu, dis-moi ?
Pourquoi viens-tu dans ce pays ?
Es-tu venu par ordre du roi, ou est-ce le Pehlewan de l’armée qui t’envoie ?
N’as-tu donc jamais entendu parler d’Afrasiab, de sa dignité, de son trône et de sa couronne royale ?
Il faudrait me dire ton nom ; car tu succomberas dans cette entreprise et je ne voudrais pas que ma main fit quitter à ton âme ce corps terrestre sans que l’on sût ton nom. »
Faramourz lui dit :
Ô héros infortuné !
Je suis un fruit de l’arbre qui porte des Pehlewans, je suis le fils de celui devant lequel tremblent les lions et qui dans sa colère anéantit les éléphants.
Mais pourquoi parler et répondre à un homme de race méchante, à un fils de Div comme toi ?
Rustem me suit avec une armée, lui qui sait vaincre tous ses ennemis.
Il s’est ceint pour venger Siawusch, il s’est mis en marche comme un lion féroce ; il va porter la destruction dans le Touron et l’air n’osera pas disperser la poussière qu’il va soulever. »
Warazad entendit ces paroles et sentit qu’il était inutile de disputer ; il donna à son armée l’ordre de s’ébranle] ; et de bander les arcs.
Les braves formèrent leurs rangs des deux côtés, ils se couvrirent de leurs casques de fer ; on entendit partout le bruit de la bataille et la terre trembla sous les sabots des chevaux.
Le cœur de Faramourz battit quand il entendit le son des timbales et des trompettes ; il se jeta dans la mêlée comme un éléphant furieux, le lacet au bras, la ceinture serrée.
Dans une seule attaque il renversa mille braves et décida du sort de la bataille ; il courut, une lance en main, couper la retraite à Warazad ; il aperçut l’étendard du roi des Turcs et sortit du centre de son armée, semblable à un lion ; il lança son cheval noir ; il serra du poing sa lance et en frappa Warazad à la ceinture, lui brisa sa cuirasse et coupa les liens qui la tenaient.
Ensuite, il l’enleva de sa selle à peau de léopard, tu aurais dit qu’il tenait dans la main une mouche ; il le jeta par terre. descendit de cheval, bénit le nom de Siawusch, lui trancha la tête et couvrit de sang sa tunique, disant :
Voici les prémices de la vengeance ; on a semé la haine et l’on recueille la guerre. »
Il porta le feu dans tout le pays et la fumée s’é- Ieva jusqu’au ciel sublime.
Ensuite, il écrivit une lettre à son père sur le sort de Warazad qui avait été si avide de combats, disant :
J’ai ouvert la porte de la vengeance et de la guerre, j’ai enlevé Warrazad de la selle de peau de léopard, je lui ai tran-3 : .
ché la tête pour venger Siawusch, j’ai dévasté par le feu son royaume. »
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021