Lorsque Iskender eut lu cette lettre, il fit sonner les trompettes et mit en mouvement son armée.
Il marcha en toute diligence pendant un mois et arriva avec ses troupes à la frontière du pays de Keïdafeh.
Il y avait là un roi nommé Feryan, ayant une armée, un trésor et une grande puissance.
Il possédait une immense ville fortifiée, dont les murs étaient si hauts que les grues n’en apercevaient pas la crête.
Il réunit une armée, occupa la forteresse, sur le haut des murailles de laquelle pouvaient passer des cavaliers.
Iskender fit amener par les ingénieurs des baassenons. listes et des catapultes et prit en une semaine la puissante forteresse.
Sa noble armée occupa la ville et Iskender, en entrant dans la place, ordonna que personne ne versât plus de sang.
Or il y avait dans la ville un fils de Keïdafeh, gendre et favori de Feryan, qui lui avait donné sa noble fille et Keïdafeh lui avait conféré un rang élevé.
Le nom de ce jeune homme était Keïderousch et Feryan n’avait de cœur, d’yeux et d’oreilles que pour lui.
Keïderousch et sa femme étaient prisonniers entre les mains d’un homme nommé Schehrguir.
Iskender savait qui ils étaient et il chercha dans sa tête un remède à cette douleur.
Il fit venir devant lui son vizir, un homme intelligent, du.nom de Bithekoun, homme de bon V conseil et puissant, lui remit le commandement, la couronne et le trône et lui dit :
On va amener devant toi de jeunes époux et je t’appellerai Iskender fils de Pheïlekous.
Tu te placeras sur le trône à la manière des rois et quand je serai devant toi, couvert de mon armure, tu ordonneras au vaillant exécuteur des hautes œuvres de trancher la tête à Keï derousch.
Je m’avancerai vers toi pour demander sa grâce, je le ferai avec toute humilité envers toi ; tu renverras la foule de la salle d’audience, je re-. doublerai mes prières et tu m’accorderas sa grâce. »
Le Destour du roi était embarrassé ; il ne comprenait pas quel mystère il pouvait y avoir lin-dessous.
Le roi lui dit :
Il faut que cela reste un secret entre
Nous.
Tu m’appelleras devant toi comme on appelle un messager, tu parleras longuement sur Keidafeh, (r puis tu m’enverras auprès d’elle avec dix cavaliers, disant :
Va et rapporte sans délai une réponse à ma lettre.anithekoun lui répondit :
loferai ainsi, j’exécuterai cette ruse selon tes ordres. »
À l’aube du jour, lorsque le soleil eut tiré son épée et que la nuit sombre se fut enfuie en terreur, Bithekoun s’assit sur le trône, la rougeur au visage et lejcœur gonflé de sang.
Iskender était devant lui dans son armure, ayant ouvert la voie de la ruse et fermé la porte de la salle d’audience.
Schehrguir amena le fils de Keïdafeh, prisonnier et versant des larmes, avec sa femme resplendissante de beauté et dont il tenait la main dans la sienne.
Bithekoun demanda brusquement :
Qui est cet homme, pour qu’il verse tant de larmes dans sa douleur ? »
Le jeune homme répondit :
Calme-toi !
Je suis Keïderousch fils de»
Keïdafeh et voici la fille de Feryan, ma seule épouse, qui s’est toujours tenue cachée dans l’apparlement des femmes.
J’étais parti pour la reconduire dans mon palais et en avoir soin comme de ma vie ; mais je suis devenu prisonnier entre les
-mains de Schehrguir, le cœur blessé parles astres et le corps par les flèches. »
À ces paroles la tête de.
Bithekoun se troubla, son cœur se gonfla de sang ; il se mit en colère et dit à l’exécuteur des hautes œuvres :
Il faut que la terre couvre ces deux êtres, et, enchaînés comme ils le sont, tu couperas le cou avec ton épée indienne au mari et à la femme. »
Iskender s’approcha, baisa’la terre et lui dit :
Ô roi, descendant des Kaïsars !
Ne voudrais-tu pas m’accorder leur grâce, cela élèverait ma tête au-dessus de tout le peuple ?
Pourquoi couperais-tu en colère la tête d’un innocent ?
Dieu le Créateur ne nous approuverait pas. »
Le prudent Bithekoun lui répondit :
Tu as délivré de la mort deux êtres,»
Et se tournant vivement vers Keïderousch, il lui dit :
Tu sauves tu tète, qui était déjà loin de tes épaules.
Je vais maintenant envoyer ton sauveur avec toi ; il expliquera à ta mère tout ce que j’ai à lui dire.
Si elle veut me faire parvenir son tribut, ce sera bien et la peau de personne ne se fendra depeur de la guerre que je lui ferais.
Aie soin de mon bienveillant Destour, qui donnera à ta mère le choix entre une lutte ou des fêtes ; agis envers lui comme il a agi envers toi, car le cœur d’un homme noble sent le besoin de s’acquitter.
Quand il aura reçu de la reine la réponse à ma lettre, protège son retour par les soins. »
Keïderousch répondit :
Je ne détacherai de lui ni mon cœur, ni mes yeux. ni mes oreilles.
Qu’est-il besoin de dire que j’aurai soin de lui comme de ma vie, car c’est lui qui m’a rendu ma femme, ma vie et le monde ? »
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021