Iskender

Iskender voit l'arbre qui parle

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Par la route du désert Iskender arriva dans un pays où il entra avec joie, car il y entendait des voix d’hommes, Tout le pays ne formait qu’un jardin et les cœurs se réjouissaient de toutes ces délices.

Les grands de la ville allèrent à sa rencontre ; tous ceux qui marquaient parmi eux le reçurent avec des bénédictions et en versant sur lui beaucoup d’or et de joyaux ; tous lui dirent :

Ô roi !

C’est un bonheur que tu sois venu passer chez nous.

Jamais une armée n’est arrivée dans ce pays et personne n’y a jamais entendu le nom d’un roi.

Maintenant que tu es venu, notre vie est à toi.

Puisses-tu avoir l’esprit serein et le corps en santé ! »

Iskender fut heureux de voir ces hommes et se reposa des fatigues de la route du désert.

Il leur demanda :

Quelle merveille y a-t-il ici que je devrais étudier ? »

Son guide lui répondit :

Ô roi victorieux, aux intentions bienveillantes !

Il y a ici une merveille telle que personne n’en a jamais vu de pareille en public ou en secret :

’ c’est un arbre composé de deux troncs qui se sont joints en croissant et une pareille merveille ne doit. pas rester inconnue ; un des troncs est femelle et l’antre est mâle ; cet arbre parle, a de larges branches et est beau et odorant.

La nuit, c’est la femelle qui parle et émet son parfum et quand le jour parait, c’est le mâle qui parle. »

Iskender partit avec ses cavaliers roumis et accompagné des grands de ce pays, à qui il demanda quand l’arbre parlerait de sa voix la plus forte.

L’interprète lui répondit :

Quand neuf parties du jour seront passées, l’un des arbres se mettra à parler et le roi à la fortune heureuse entendra sa voix. »

Ensuite, il demanda :

Quand nous aurons quitté cet arbre, quelle merveille rencontrerons-nous, ô homme fortuné ? »

L’interprète répondit :

Quand tu auras passé l’arbre, tu ne seras plus longtemps incertain où aller, car cet arbre dépassé, tu n’auras plus de place où poser lepied, puisque le guide appelle*ce lieu la limite du monde. »

Le roi continua à ritarcher avec les Roumis, et, arrivé auprès de l’arbre parlant, il trouva le sol brûlant de chaleur et la terre couverte de peaux de bêtes fauves.

Il demanda à son interlocuteur :

Qu’est-ce que ces peaux de bêtes et qui a déchiré de cette façon ces animaux ? »

L’interprète fortuné lui répondit :

Cet arbre a un grand nombre d’adorateurs et quand ils viennent lui rendre hommage et cherchent de la nourriture, ils vivent de la chair des bêtes fauves. »

Lorsque le soleil fut arrivé au faîte de la voûte du ciel, Iskender entendit un bruit d’en haut, venant des feuilles du puissant arbre, un bruit plein de terreur et ne promettant rien de bon.

Il eut peur et demanda à l’interprète :

Ô homme prudent et bienveillantl que disent ces feuilles qui parlent, car elles font refluer le sang vers mon cœur ? »

Il répundit : Ô roi fortuné !

Les feuilles des branches de l’arbre disent : Pourquoi Iskender est-il toujours en . mouvement, lui qui va prendre la route du départ ?

Quand quatorze années de son règne seront passées, il aura à quitter le trône de la royauté. »

Iskender versa des larmes de sang et son cœur se remplit de douleur à cet avertissement.

Ensuite, il n’ouvrit plus les lèvres et attendit, plein d’anxiété, jusqu’à minuit, heure où les feuilles de l’autre arbre se mirent à parler ; puis il demanda de nouveau à cet homme fortuné :

Qu’a dit cette autre branche ? »

L’interlocuteur dévoila ainsi le secret :

Celte branche femelle dit :

Pourquoi te fatigues-tu ainsi dans ce monde immense par avidité et désir d’agrandissement ?

Pourquoi tourmentes-tu ton esprit ?

Tu es rrpossédé de la passion de faire le tour du monde, de faire du mal aux hommes et de tuer les rois ; mais il ne le reste pas beaucoup de temps sur la terre, ne rends donc pas le jour sombre et difficile l7

pour toi-même. »

Le roi dit à l’interprète :

Ô homme au cœur serein et pur !

Demandedui encore si c’est dans le Roumzque le jour fatal arrivera pour moi et si ma mère me reverra encore, ne fût-ce que pour me couvrir le visage. »

L’arbre parlant répondit :

Hâte-toi et pars sur-le-champ.

Ni ta mère, ni les tiens dans le Roum, ni les femmes voilées de ta patrie ne te reverront.

La mort te frappera dans un pays étranger et bientôt les astres seront fatigués de ta couronne et de ton trône. »

H Iskender, à ces paroles, s’éloigna de l’arbre, le cœur blessé par le glaive du sort.

Lorsqu’il fut de retour dans son camp, les héros qui portaient haut la tête le quittèrent et préparèrent dans la ville des présents que les grands lui apportèrent.

Il y avait une cuirasse brillante comme les eaux du Nil et grande et large comme une peau d’éléphant, deux dents de poisson longues de cinq coudées, qu’un homme pouvait à peine soulever, des cottes de mailles ’et de riches brocarts, cent œufs d’or massif ; chacun pesant cent man en poids d’argent et un rhinocéros en or et en pierreries.

Iskender accepta ces présents et emmena son armée de .ce pays, versant des larmes de sang.

Dernière mise à jour : 28 déc. 2021