Iskender

Iskender, à ces paroles, se mit à monter sur la montagne et se rendit sans cortège sur la crête pour voir ce qui s’y trouvait.

Il vit Israfil, une trompette en main et levant la tête haut dans l’air, la bouche pleine de vent, les yeux remplis de larmes et dans l’attente du moment où Dieu lui dirait : Faisla sonner ! »

Lorsqu’il aperçut Iskender sur la mon : tagne, il poussa un cri comme le bruit du tonnerre, disant :

Ô esclave de tes passions, ne fais pas tant d’efforts, car un jour ton oreille sera frappée d’un grand cri ; ne te donne pas tant de peine pour cette couronne et ce trésor, apprête-toi à partiret ne te fatigue pas davantage. »

Le roi lui répondit :

Le sort m’a assigné cette part dans la vie, que je dois toujours m’agiter et parcourir le mondent, Il descendit de la montagne en se lamentant et en invoquant Dieu, le dispensateur de tout bien ; puis il continua sa marche sur cette route ténébreuse, étant précédé par des guides.

Lorsque l’armée lut enveloppée de ténèbres, on entendit sortir de la montagne noire une voix disant : Quiconque emporte une pierre qui se trouve sous ses pas se repentira de ce qu’il tiendra dans sa main et il se repentira de même s’il n’emporte rien et dans chacune de ses peines de l’âme il cherchera en vain un remède. »

L’armée écoula ces paroles, chacun devint soucieux à cette voix, selon laquelle il aurait à souffrir bien des maux futurs, soit qu’il emportât une pierre, soit qu’il la laissât.

L’un dit :

Ce mal vient de nos péchés et tu le res pentiras si tu emportes des pierres de la route. »

Un autre dit :

Il faut prendre un petit morceau et espérer que nous n’en éprouverons ni mal ni fatirrgue. »

Les uns emportèrent des pierres, les autres n’en prirent pas, d’autres encore en prirent de petites, par paresse.

Lorsqu’ils sortirent du pays de l’eau de la vie dans la plaine et qu’ils eurent quitté cette route ténébreuse, chacun tâcha de s’assurer de ce qu’il y avait de vrai dans tout cela et alors apparut le mensonge : le Sein de l’un se trouva rempli de grenats, celui d’un second d’autres pierres brutes ; ceux qui en avaient pris peu se repentirent d’avoir ainsi méprisé et laissé de côté des chrysoprases et plus encore ceux qui n’avaient rien pris et avaient détourné la tête de ces joyaux précieux.

Iskender resta dans ce lieu pendant deux semaines, et, s’étant V reposé, remit en marche son armée.