Lorsque le roi apprit le sort d’Ayi’n Guschasp, le héros illustre, il refusa dans sa douleur de donner audience et personne ne le vit plus prendre en main une coupede vin.
Il perdit le repos, l’appétit et le sommeil ; ses yeux ne cessaient de verser des larmes et il donna l’ordre répété de ne relever pour personne le rideau de la porte.
Les hommes de guerre furent confondus de tout cela, chacun avait lia-dessus un avis différent et lorsque ces bruits se furent ré-
Pandas de Thisifoun dans le pays entier, cette royauté perdit tout son éclat.
La tête des serviteurs du roi était remplie de chagrin et de colère et ceux qui l’avaient béni auparavant le maudirent.
Il n’y avait que peu de troupes à la cour et le monde devint étroit devant l’âme du roi.
Bendoui’ et Gustehem apprirent que le trône intrpérial était terni ; tous les prisonniers se délivrèrent de leurs chaînes et chargèrent l’un d’eux de savoir ce qui était vrai dans ces bruits et qui parmi les grands se tenait à la porte du roi.
Quand ils apprirent la vérité sur ces événements, ils se révol-. tèrent et s’émancipèrent, ils brisèrent les portes de la prison et poussèrent des cris tels que la plaine en fut ébranlée et que les troupes qui se trouvaient dans la ville restèrent embarrassées et ne sachant que faire.
Beudonï et Gustehem parurent couverts de cottes de mailles, entourés de leurs troupes et de leur appareil de guerre ; ils avaient renoncé à toute honte et marchèrent hardiment sur le palais ; ils rencontrèrent sur le marché des troupes du roi, des cavaliers qui se dirigèrent vers la cour de Hormuzd.
Le vaillant Gustehem dit à ses troupes :
Ne prenez pas cela légèrement ; si vous voulez agir avec nous, il faut vous dépouiller de tout attachement au roi et si vous voulez tous prendre les armes pour venger les grands de l’lrau, car Hormuzd s’est tourné contre . ceux qui n’ont pas commis de faute et contre ce vertueux prime qui est digne du trône et de la couronne ; qu’alors tous ceux qui ont de la dignité et marchent dans la vraie voie lui refusent le titre de roi.
Mettez-vous à l’œuvre pour le punir selon qu’il le mérite, rendez-lui amère l’eau de l’Iran.
Nous nous mettrons à votre tête et nous placerons sur son trône un nouveau roi.
Si vous ne faiblissez pas dans cette entreprise, nous vous livrerons le pays d’Iran ; quant à nous, un coin du monde nous suffit et nous nous mettrons à l’écart avec nos compagnons. »
À ces paroles de Gustehem, toute la troupe se mit à maudire le trône du roi, disant :
Que jamais il n’y ait un pareil roi, qui veut verser le sang de son fils ! »’armée devenait insolente dans ses propos ; on mit le feu à la porte du palais, on pénétra dans la salle d’audience du roi des rois et auprès de Hormuzd, assis dans sa majesté ; on lui arracha la couronne de la tête, on le précipita en bas du trône et on lui brûla les yeux, qui s’éteignirent à l’instant comme s’éteint une lampe brillante.
On le laissa en vie dans cet état et l’on pilla tout ce qui se trouvait dans son trésor.
Telles sont les actions de la roue du ciel sublime.
N’attache donc pas ton cœur à cette demeure fugitive.
Tantôt elle nous donne un trésor, tantôt elle nous accable de fatigue ; mais tu ne resteras pas dans ce lieu de passage, que tu y sois heureux ou malheureux.
Que ce soit cent ou cent mille ans, tout ce qui se compte doit passer.
Si tu veux obtenir le bonheur, ne dis jamais du mal pour que tu n’aies pas à entendre du mal.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021