Cependant Isfendiar apprit que ce fils de roi, ce héros, était tué, que son père en périssait de douleur, et qu’il voulait venger cette mort lui-même.
Le héros illustre se tordit les mains, disant:
Que nous tient donc en réserve notre mauvaise fortune?
Chaque jour, quand j’ai vu Zerir au milieu de la bataille, j’ai tremblé devant ce sort;
hélas! ce cavalier, ce héros, ce prince à qui le sort a enlevé sa couronne de la tête!
Qui est-ce qui a tué un pareil éléphant de guerre, qui a arraché du sol cette montagne de fer?
Il remit à l’un de ses frères son drapeau, son armée et son poste, et se porta en avant: il se rendit au centre de l’armée, où il revêtit son armure de combat, et prit dans sa main le drapeau impérial.
Il avait cinq frères, tous dignes du trône, tous illustres, tous égaux du roi, qui tous se tenaient debout devant Isfendiar, car c’était lui qui détruisait les armées.
Il se plaça au centre de l’armée, au poste de Zerir, il se plaça au centre comme un vaillant lion; ensuite ce soutien de l’armée dit aux nobles:
Ô hommes illustres et champions du roi!
Ecoutez ce que j’ai à dire de bon, et ayez confiance dans la religion du maître du monde!
Sachez, ô rois, que voici le jour ou l’on distinguera entre la bonne et la mauvaise doctrine.
Gardez-vous de craindre la mort ou autre chose, car personne ne meurt qu’au moment assigné, et si la fortune d’un homme doit changer, qu’y a-t-il de mieux que de mourir sur le champ de bataille?
Ne faites pas attention aux morts, ne cherchez pas de secours, ne comptez pour rien vos tètes.
Gardez-vous d’espérer en la fuite, gardez-vous de craindre la lutte, baissez les pointes de vos lances pour combattre, luttez longtemps et agissez avec bravoure.
Si vous vous conduisez selon mes ordres, alors mon âme restera dans mon corps, votre nom deviendra illustre dans le monde entier, et toute l’armée d’Ardjasp, le vieux loup, périra.
Isfendiar en était là de sa harangue, lorsqu’on entendit la voix de son père, qui s’écriait sur la montagne:
Ô mes grands et mes héros, vous qui m’êtes tous chers comme mon corps et mon âme, ne craignez pas les lances, les flèches et les épées, car aucun de nous ne peut échapper à son sort.
Je jure par notre sainte religion, par la vie d’Isfendiar le héros, par l’âme de Zerir, le cavalier généreux, qui vient d’être reçu dans le paradis, que j’ai écrit une lettre à Lohrasp, dans laquelle j’ai promis, au nomdu vieux roi que, si la fortune m’accorde la victoire, je remettrai à Isfendiar la couronne et le trône au moment de mon retour de ce champ de bataille, que je lui donnerai la couronne de la royauté, comme mon père me l’a donnée, que je mettrai toute mon armée sous les ordres de Beschouten, et que je placerai sur sa tête une couronne royale.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021