Guschtasp

Guschtasp et Ardjasp mettent en ordre leurs armées

Selon le conseil de Djamasp, le roi quitta ce lieu à l’aube du jour, aussitôt que l’éclat des étoiles eut disparu, et se rendit au camp; il plaça cette armée choisie dans un endroit où le vent du matin apportait des jardins jusque dans les maisons le parfum des roses.

Il envoya de tous côtés des éclaireurs, comme c’était la coutume des Perses.

Un de ces cavaliers revint et dit au roi:

Ô roi, l’armée des Turcs est tout près;

c’est une armée, ô maître de la terre, telle qu’il n’en est jamais sorti du pays des Turcs et de la Chine;

elle s’est arrêtée près de nous et a couvert de ses tentes la montagne, les vallées et la plaine.

Le chef des Turcs a choisi des éclaireurs, les a envoyés, et ils se sont rencontrés avec les nôtres.

Alors le noble Guschtasp, le vaillant roi, appela auprès de lui son Sipehbed, le fortuné Zerir, lui donna un drapeau et lui ordonna de partir en toute hâte, de préparer les éléphants et de faire prendre les armes aux troupes.

Le Sipehbed partit et mit en ordre l’armée, qui tout entière ne désirait que combattre les Turcs.

Le roi du monde plaça sous le commandement d’Isfendiar cinquante mille cavaliers d’élite et lui confia l’une des ailes de l’armée, car il avait un cœur de lion et une poitrine de tigre.

A l’autre aile de l’armée le roi mit de même un beau corps d’élite, qu’il confia à Schidasp, ce noble guerrier, son fils et sont égal.

Ensuite il donna cinquante mille braves cavaliers à Zerir, son Sipehbed, et le commandement du centre de l’armée, car c’était un lion furieux et le Destour du roi.

Enfin il chargea de l’arrière-garde le flambeau du roi, Nestour à la naissance fortunée.

Ayant ainsi disposé ses troupes, il remonta sur la montagne, l’âme remplie de douleur et le corps brisé de fatigue; il s’y assit sur son trône beau et brillant, et observa de là les armées.

Ensuite Ardjasp, le roi des cavaliers de la Chine, mit de même ses troupes en ordre de bataille.

Il détacha des troupes venues de Khallakh cent mille hommes, des cavaliers braves et expérimentés, et les envoya auprès de Bidirefsch, qui avait les grandes timbales et un drapeau d’or, et à qui il confia une des ailes de l’armée, car le lion le plus courageux n’osait pas le combattre.

Il donna le commandement de l’autre aile à Gurgsar et mit sous ses ordres cent mille cavaliers d’élite; ensuite il plaça dans le centre de son armée un corps de troupes bonnes et choisies, et les confia à ce magicien obstiné qui portait le nom de Namkhast, fils de Hazaran.

Il garda comme réserve cent mille autres cavaliers qui avaient montré leurs prouesses dans le monde, et les plaça de manière à pouvoir secourir chaque partie de son armée.

Enfin un homme glorieux, expérimenté et qui portait haut la tête dans les combats, se trouvait derrière la ligne de bataille: Kehrem était le nom de ce noble cavalier, sur qui la bonne et la mauvaise fortune avaient souvent passé; c’était un frère d’Ardjasp, qui en fit le gardien de l’armée, et nomma ordonnateur cet homme accoutumé à disposer les troupes.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021