Guschtasp

Faramourz marche avec une armée pour venger Rustem

...

Faramourz, ayant accompli le deuil de son père, fit sortir une armée dans la plaine; il ouvrit le palais du héros au corps d’éléphant et équipa ses troupes avec les armes que son père avait accumulées.

De grand matin les trompettes, les timbales d’airain et les clochettes indiennes se firent entendre, et il conduisit du Zaboulistan vers Kaboul une armée telle que le soleil disparut du monde.

Le roi de Kaboul eut des nouvelles de l’approche des troupes du Zaboulistan, et rassembla son armée dispersée;

La terre se couvrit de fer et l’air s’assombrit.

Faramourz et ses troupes s’avancèrent, le soleil et la lune pâlirent, et quand les deux armées furent en présence, le monde se remplit de bruits guerriers; la masse des chevaux et la poussière noire qu’ils soulevaient étaient telles que les lions s’égaraient dans la forêt;

Un grand vent amena des nuages sombres, et l’on ne distinguait plus le ciel de la terre.

Faramourz sortit des rangs de son armée, il ne détourna pas ses yeux du roi, et lorsque les timbales résonnèrent des deux côtés et que les cœurs des braves devinrent inquiets, il se jeta rapidement sur le centre des ennemis avec une troupe peu nombreuse: le monde fut obscurci par la poussière que faisaient lever les cavaliers, et le roi de Kaboul devint prisonnier.

Toute sa puissante armée se dispersa; les braves de l’Iran, semblables à des loups, l’accablèrent de tous côtés et la poursuivirent;

Ils tuèrent tant de héros indiens, tant de vaillants et illustres hommes du Sind, que la terre du champ de bataille fut trempée de leur sang, que l’armée du Sind se débanda, que les Indiens furent défaits, qu’ils renoncèrent à défendre leur pays et leurs maisons, et abandonnèrent leurs femmes et leurs enfants.

Faramourz fit jeter le roi de Kaboul, tout couvert de sang, dans une tour que portait un éléphant, et le conduisit sur le lieu de la chasse, à un endroit où il avait fait creuser une de ses fosses;

Il y conduisit son ennemi, les mains enchainées et accompagné de quarante de ses parents, adorateurs des idoles.

Il fit enlever du dos du roi une lanière de chair, de manière à laisser à nu ses os, et le précipita, la tête en bas, dans la fosse, le corps couvert de poussière, la bouche remplie de sang.

Il fit brûler ses quarante parents, ensuite il alla auprès du corps de Scheghad, alluma un feu haut comme une montagne, brûla Scheghad, le platane et la terre alentour, et lorsqu’il s’en retourna dans le Zaboulistan avec son armée, il emporta les cendres de Scheghad pour les donner à Destan.

Ayant ainsi mis à mort le prince injuste, Faramourz nomma quelqu’un roi de Kaboul, et ne laissa dans le pays aucun membre de l’ancienne famille qui ne reconnût l’investiture écrite avec son épée.

Il quitta Kaboul, le cœur blessé et navré, et le jour brillant était obscurci devant ses yeux;

Tout le Zaboulistan et le pays de Bost poussaient des cris;

Personne n’avait sur le corps un vêtement intact; ils allèrent à sa rencontre, la poitrine déchirée et fondant en larmes.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021