Guschtasp

Ardjasp envoie des messagers à Guschtasp

Lorsque le Destour du roi eut terminé la lettre, en présence de tous les grands de l’armée, Ardjasp la plia, y apposa son sceau, la remit à ces vieillards du pays des magiciens et leur donna ses ordres, disant:

Soyez prudents, rendez-vous ensemble dans son palais;

quand vous le verrez assis sur son trône et à sa place d’honneur, courbez-vous jusqu’à terre , saluez-le comme on salue les rois, sans jeter un regard sur sa couronne et son trône de Keïanide;

quand vous serez assis devant lui, alors levez vos yeux vers sa couronne brillante, acquittez-vous de mon message qui porte bonheur et écoutez attentivement sa réponse.

Quand vous l’aurez entendue jusqu’au bout, baisez la terre et partez.

Bidirefsch, avide de vengeance, quitta Ardjasp et dirigea son drapeau vers Balkh la célèbre, accompagné de son ami Namkhast le pervers, que ceux qui cherchaient une bonne renommée devaient éviter.

Arrivés du pays de Touran à Balkh, ils descendirent de cheval devant le palais du roi; ils allèrent à pied jusqu’auprès de lui et jusqu’à ce que leurs yeux tombassent sur le seuil de la salle d’audience.

Quand ils le virent, assis sur son trône, brillant dans sa place d’honneur comme le soleil, ils se prosternèrent comme des esclaves devant le Keïanide, le roi d’un peuple heureux, et lui remirent la lettre royale écrite en caractères turcs.

Le roi ayant déplié cette lettre, en fut confondu et se mit à trembler de colère; il fit appeler l’illustre Djamasp, qui était son guide, et les élus de l’Iran, les Sipehbeds, les grands pleins d’expérience et les Mobeds.

Il appela auprès de lui tous ces grands et ils apportèrent le Zendavesta; il appela Zerdouscht, son prophète et son Mobed, et Zerir, son bien-aimé, le chef de son armée.

Le Sipehbed Zerir était son frère, le chef des braves de son armée; il était alors Pehlewan du monde, car Isfendiar le cavalier était encore trop jeune pour cette dignité; il était l’asile du monde et le soutien de l’armée, et commandait aux troupes comme le roi lui-même; il avait délivré la terre des méchants, et dans chaque combat on voyait sa lance.

Alors le maître du monde dit à Zerir et au vaillant et fortuné Djamasp:

Ardjasp , le chef des Turcs de la Chine, m’écrit une lettre que voici.

Il leur montra les paroles rudes que le roi des Turcs lui avait adressées, ajoutant:

Que pensez-vous de ceci, que dites-vous, quelle et quand sera la fin de cette affaire?

Quel malheur d’avoir été l’ami d’un homme qui possède si peu de-sagesse!

Moi je suis de la race d’Iredj le saint; et lui est de la race de Tour le magicien.

Comment pourrait-il y avoir entre nous la paix que pourtant j’avais espérée?

Quiconque a de bons avis à donner, qu’il les donne devant tous!

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021