La renommée de la splendeur qui entourait de nouveau le trône du roi des rois parvint à Tour et à Selm et leurs cœurs injustes furent remplis de crainte parce que leur étoile commençait à baisser.
Ils s’assirent pleins de pensées et le jour s’obscurcit pour les deux tyrans.
Tout à coup ils prirent la ferme résolution de chercher un remède à danger et d’envoyer un messager auprès de Feridoun pour offrir leurs excuses, car il ne leur restait aucun autre moyen de salut.
Tous les deux cherchèrent parmi la foule un homme d’un cœur pur et d’une langue discrète et donnèrent, avec grande chaleur, leurs ordres hautains à cet homme prudent, sage et modeste ; puis ils ouvrirent la porte des trésors de l’occident, ayant devant les yeux la crainte que leur haute fortune ne baissât.
Ils choisirent dans le trésor antique une couronne d’or ; ils mirent les caparaçons sur le dos de tous leurs éléphants.
On chargea les chariots de musc et d’ambre, de brocarts et d’or, d’étoiles de soie et de poils de castor et le cortège se dirigea de l’occident vers l’Iran, avec les éléphants de haute stature et en grande pompe.
Chacun de ceux qui se trouvaient à la cour des rois leur envoya un présent ; et lorsque leur cœur fut satisfait des dons préparés, le messager se présenta devant eux, prêt pour le voyage.
Ils lui donnèrent leur message pour Feridoun, en commençant par les louanges du maître du monde en ces termes :
Puisse Feridoun le héros vivre à jamais !
Lui à qui Dieu a donné la puissance royale, que sa tête reste jeune, que son corps reste sain ; que son esprit s’élève au-dessus du haut firmament !
J’apporte un message de deux esclaves au pied du puissant trône du roi des rois, pour obtenir que ces deux hommes méchants et injustes, qui ont les yeux remplis de larmes de honte devant leur père, ces deux pécheurs au cœur flétri, qui se sont repentis, puissent être admis à venir présenter leurs excuses ; car, jusqu’à présent, ils n’avaient pas espéré que quelqu’un voulût entendre leur défense.
Ceux qui connaissent la sagesse ont dit :
Celui qui a fait le mal en portera la peine, il restera dans la douleur et son cœur sera plein de tristesse ; c’est ainsi que nous sommes restés, ô roi généreux !
C’est ainsi qu’il était écrit dans notre sort et nos actions n’ont fait que suivre notre destinée.
Le lion qui dévaste le monde et le dragon courageux, ne peuvent se soustraire aux filets du sort.
Puis les ordres du Div impur détachent les cœurs de la crainte du maître du monde.
Les instigations du Div ont eu tant de pouvoir sur nous, que les cerveaux de deux hommes sages sont devenus sa demeure.
Mais nous espérons du maître de la couronne, qu’il voudra nous pardonner ; que si grands que soient nos forfaits, le roi les attribuera en premier lieu à notre ignorance ; notre seconde excuse est la puissance du firmament, qui est un lieu tantôt de refuge, tantôt de destruction ; enfin, la troisième est le Div qui parcourt le monde comme un messager prêt à faire le mal.
Si le roi veut oublier la vengeance qu’il a méditée contre nous, s’il veut croire à la pureté de notre foi, qu’il lui plaise d’envoyer Minoutchehr avec une puissante armée auprès de nous, qui le désirons, pour que nous restions toujours debout devant lui comme des esclaves : telle est notre intention.
Nous espérons pouvoir arroser, avec les larmes de nos yeux, l’arbre qu’a planté la vengeance.
Nous avons hâte de lui donner nos larmes et nos soins, et, quand il sera devenu vigoureux, la couronne et le trésor.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021