Ainsi se passa une année entière ; tout le monde observait la défense du vin,4et le roi, quand il tenait une assemblée et qu’il faisait réciter d’anciens livres, ne buvait pas de vin et s’en tenait loin ; on n’en voyait pas la couleur, on n’en respirait pas le parfum.
Cela dura ainsi jusqu’à ce qu’un petit cordonnier épousât une femme riche d’une famille connue et respectée.
Mais il se trouva impuissant et sa mère pleurait amèrement sur sa mauvaise fortune.
Il se trouva qu’elle avait en secret un peu de vin ; elle fit entrer son lils chez elle et dit au jeune homme :
Bois sept coupes de ceci, pour devenir lm. 1i confiant et gaillard ; alors tu briseras peut-être cette nuit le sceau ; mais comment un pic en feutre pourrait-il fendre une gangue de pierres Élu-Le cordonnier but sept ou huit coupes et ses pieds et sa peau s’en raffermirent.
Les coupes avaient enhardi . le jeune homme ; il alla et perça la porte de la maison qui était restée jimnée ; puis il revint chez sa mère heureux d’avoir trouvé sa voie.
Or il arriva que dans lamaison où l’on tenait les lions du roi, l’un .deux avait brisé sa chaîne et était sorti.
Le jeune cordonnier était encore ivre de vin. sa prouesse avait converti en pouces ses dix doigts : il s’élança et monta sur le lion rugissant, étendit la main et le saisit par les oreilles.
Le lion était fatigué ; le jeune homme se tenait dessus et le lion dessous.
Lorsque le gardien du lion arriva courant après lui une chaîne dans une main, un lacet dans l’autre, il vit un cordonnier sur le dos de son lion, assis comme un vaillant cavalier sur un sine ; il courut jusqu’au palais, entra hardiment auprès du roi et lui raconta la merveille qu’il avait vue, qu’il avait vue de ses yeux, une chose qu’on n’avait jamais entendue.
Le roi resta stupéfait ; il fit appeler les Mobeds et les nobles de la cour et dit au Grand Mobed :
Assure-toi de quelle famille est ce cordonnier.
S’il est fils de Pehlewan, c’est compréhensible, car une telle bravoure sied a un Pehlewans Ils s’enquirentau- près de la mère si sa naissance n’était. pas plus noble
’BAHHAM cous. ses que sa profession.
La mère, après beaucoup de discours, courut auprès du roi et lui dit son secret.
Elle commença par bénir le roi :
I’uisses-tu vivre aussi longtemps qu’il y a un monde !
Cet enfant, qui n’est pas encore un homme, a voulu se marier et devenir : chef de famille, mais il s’est trouvé impuissant et sa femme dit :
Cela vient de ce que c’est un sauvageon. »
Alors je lui ai donné trois coupes de vin en secret et sans que personne dans le monde le sût : à l’instant ses joues sont devenues comme des rubis et ce qui était comme du feutre s’est raidi et est devenu comme un os.
Son grand-père était cordonnier, son père de même et notre famille ne s’est jamais élevée au-dessus de ce mé-’ lier ; il n’est de race que par les trois coupes de vin.
Qui aurait pu croire que le roi voudrait entendre ce cela ’»
’ Le roi sourit du récit de la vieille femme et dit :
C’est une histoire qu’il ne faut pas oublier. »
Il se tourna vers le Grand Mobed et lui dil : Maintenant le vin est permis et il faut se décidera boire.
Quiconque boit assez pour monter sur un lion mâle ne sera jamais abattu par un lion, mais il ne faut pas tant boire qu’on s’endorme ivre sur la route et qu’un corbeau noir vous arrache les yeux. »
Surlechamp on fit au-dessus de la porte une proclamation en ces termes :
Ô Pehlewans aux ceintures d’or !
Buvez tous du ; vin, chaoun a sa mesure.
C’est à vous de réfléchir à la fin ; quand le vin vous a conduits jusqu’à la gaieté, alors couchez-vous, pour que votre corps n’en souffre pas. »
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021