Tous étaient heureux, mais Schenguil avait le cœur blessé et le haut fait de Bahram le faisait pâlir.
La nuit vint, il rassembla des sages, tant des membres de sa famille que des étrangers et leur dit :
Cet homme du roi Bahram, si fort de membres, si puissant et si vaillant, ne veut rester ici à aucune condition, quoique je l’aie tenté par tout ce qu’il y a de beau ; mais s’il s’en retourne d’ici dans l’Iran et arrive auprès du roi des braves, il accusera mon armée de lâcheté dans le combat, il dira qu’il n’y a pas un cavalier dans l’Hindoustan et mon ennemi deviendra orgueilleux.
Je veux donc trano cher la tête à cet envoyé, je veux m’en défaire en secret : qu’en dites-vous et quel conseil avez-vous à me donner ? »
T Un des sages lui dit :
Ô roi !
Ne prépare pas de cette façon des chagrins à ton cœur.
Si tu mets à mort un envoyé de roi ; tu t’engages dans une voie
De vice et de folie.
Personne n’a jamais conçu une pareille idée, n’a jamais pensé a chose semblable.
Ton nom deviendrait odieux aux grands et il faut qu’un roi soit honoré parmi les hommes.
Il arriverait à l’instant de l’Iran une armée et un roi comme Bahram, qui ne laisserait aucun de nous en vie dans notre pays et nos demeures.
Ne renonce pas à ce qui est honnête.
Il nous a délivrés du dragon et la mort n’est pas ce que nous lui devons pour sa peine.
Il a tué dans notre pays des dragons et des loups, il a mérité une longue vie et non pas la a mort. »
À ces paroles, Schenguil se troubla, les discours des sages le rendirent sombre.
Il passa ainsi la nuit et le lendemain de grand matin il envoya auprès du roi Bahram et le fit appeler lui seul, étant seul lui-même, sans sa cour, sans Destour et sans conseiller.
Il dit à Bahram :
Ô toi qui charmes les cœurs !
Tu as tordeurs été un homme puissant, ne cherche pas à arriver plus haut.
Je veux te donner ma fille et je tiendrai plus que je ne promets.
Quand j’aurai fait cela, tu resteras avec moi, car tu ne pourras pas quitter ce pays ; je te donnerai le commandement de l’armée, je te donnerai le gouvernement de l’lnde. »
Bahram resta confondu, il pensa à son trône, à sa naissance, aux glorieux combats qu’il avait livrés ; il se dit à lui-même :
Il n’y a pas à lutter contre cela,
BAHBAM nous. si et ce n’est pas une honte d’avoir Schenguil pour beau-père ; ensuite je sauverai, par ce moyen, ma vie et reverrai peut-être le pays d’Iran ; car voilà longtemps que je suis ici et que le lion est tombé dans les filets du renard. »
Il réponditàSchenguil :
Je ferai ce que tu ordonnes, je ferai de tes paroles la loi de mon âme ; mais parmi tes filles choisisen une que je puisse trouver digne d’hommages quand je la verrai. »
Le roi de l’Inde fut heureux de ces paroles ; il fit tendre une salle avec du satin de Chine.
Trois jeunes filles y entrèrent, semblables au printemps par la parure, par le parfum, par les couleurs et la beauté.
Schenguil dit à Bahram :
Va et prépare ton cœur à une vue nouvelle. »
Bahram courut à la salle, regarda et choisit une de ces filles au visage de lune, du nom de Sepinoud, belle comme le gai printemps, pleine de modestie et de grâce, pleine de sans et de désirs.
Schenguil lui donna Sepinoud, ce cyprès élancé, ce cierge sans fumée.
Le père choisit un riche trésor et en remit la clef à cette fille au visage de lune ; il fit venir les compagnons de Bahram, [ces cavaliers élégants et puissants et leur donna de l’argent, de l’or et des richesses de tout genre, puis de l’ambre, du bois d’aloès et du camphre.
Il prépara une salle incrustée de pierreries et quiconque était illustre dans le Kanoudj vint en cérémonie à la cour ; tous se rendirent joyeusement auprès du roi.
Ils restèrent une semaine, la coupe en main, dans ce lieu de réunion, gaiement et en belle humeur et Sepinoud brillait à côté de Bahram Gour comme le vin dans une coupe de cristal.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021